Deux jours après de nouvelles manifestations historiques contre le président Abdelaziz Bouteflika, le régime algérien n'a toujours pas réagi. Sa marge de manoeuvre est extrêmement réduite pour sortir de la crise.
Toujours pas de réaction officielle des autorités algériennes, 48 heures après les marches de vendredi contre le régime. Le message des Algériens est pourtant clair : ils rejettent en bloc le report de la présidentielle du 18 avril. Initiative qui ouvre de facto la voie à une prolongation du mandat présidentiel d'Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.
Pour le sociologue algérien Nacer Djabi, la marge de manoeuvre devient de plus en plus réduite pour le pouvoir algérien et le départ du chef de l'Etat de plus en plus inévitable.
« Le régime de Bouteflika n’a pas beaucoup de choix. Il va sûrement jouer sur la possibilité d’essoufflement de ce mouvement, mais je crois que la détermination de la population est là, affirme-t-il. Les Algériens ne veulent plus de ce régime. Ce n’est pas à ce régime de faire des élections ou d’écrire une nouvelle Constitution pour les Algériens. »
La stratégie consistant à ne pas briguer de cinquième mandat pour prolonger le quatrième n'a donc pas fonctionné, tout comme la démission du très impopulaire Premier ministre Ahmed Ouyahia. Surtout en le remplaçant par l'actuel ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, haut cadre du « système » Bouteflika. Pas sûr non plus que le futur gouvernement, que le pouvoir promet de rajeunir avec notamment de jeunes technocrates, suffise à apaiser les tensions.
Pour Nacer Djabi, l'armée et les décideurs pourraient « très bientôt s’apercevoir que la population est déterminée et que c’est impossible d’affronter cette population parce qu’on ne peut pas affronter quinze millions de personnes qui sortent chaque semaine. Ce ne sont pas des petits groupes comme cela a été le cas en 2014. On est devant une population qui est déterminée au niveau national. Ce n’est pas seulement les Algérois, ce n’est pas seulement les jeunes. C’est toute la population et partout dans le pays. Je crois que les choses vont s’accélérer et que le retrait de Bouteflika va être annoncé très bientôt ».