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Migrants de retour en Côte d’Ivoire (2/6): une réinsertion incertaine

RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe en partant de la grande ville de l’ouest de la Côte d'Ivoire, Daloa. Chaque mois, des jeunes hommes, des jeunes femmes et même des enfants décident de prendre la très dangereuse route de la Libye dans l’espoir d’embarquer sur un radeau en direction de l’Europe. Des jeunes qui travaillent pour économiser un pécule pour partir, souvent avec l’aide de leur famille. Malheur à ceux qui doivent rentrer au pays, où l'emploi stable se fait rare.

Jean Martial vient d’obtenir un petit local ou il peut vendre ses fripes. A 35 ans, il a déjà tenté une fois de « partir à l’aventure », mais il s’est cassé les dents en Libye. Pour prendre la route, Jean Martial avait travaillé afin d'économiser 800 000 francs CFA, environ 1 200 euros. Et pour lui permettre de revenir, sa famille lui a envoyé de l’argent.

Pour autant, cet échec n’a pas fait disparaître son envie d’Europe. « L’Europe c’est le rêve de chaque personne ici. Si vous voyiez la misère et la souffrance que nous traversons. Aujourd’hui, si tu es en Europe, par la grâce de Dieu tu trouves un petit boulot, tu peux t’occuper de ta famille. Là-bas, au moins, le fonctionnaire est bien payé, le petit débrouillard est bien payé. »

« Ce qui manque ici, ce sont les opportunités pour les jeunes »

L’ONG italienne CeVi (Centro di volontariato internazionale) est arrivée en 2006 à Daloa, ville considérée il y a encore deux ou trois ans comme la plaque tournante ivoirienne des départs vers l’Europe. CeVi fait notamment de la sensibilisation, auprès des populations et des autorités, et aide ceux qui sont revenus, les « retournés » à se réinsérer.

« Ce qui manque ici, ce sont les opportunités pour les jeunes et surtout une perspective de stabilité. Parce que, quand on est commerçant, on ne sait jamais combien on va gagner dans le mois, si on va pouvoir envoyer les enfants à l’école, explique Laura Visentin de CeVi. Daloa, c’est vrai, est une grande ville. Mais au final, c’est comme si c’était un village, parce qu’il n’y a pas d’usine. Au-delà de la fonction publique, il n’y a pas d’entreprises. Et le problème c’est que, si un enfant demande un million pour partir, la famille cotise. Mais si un enfant demande un million pour commencer un petit business ici, la famille ne donne pas. »

Ces dernières années, les stratégies des ONG, des autorités ou des grandes agences semblent porter leurs fruits. Les départs de Daloa ont manifestement baissé, mais le phénomène existe toujours.

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