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Comment Tshisekedi est devenu président du Congo (1/2): la revanche d’Etienne?

La République démocratique du Congo connaît la première transition pacifique de son histoire à la tête de l’Etat. Malgré les accusations de fraudes électorales, le nouveau chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, a été reconnu par l’ensemble de la communauté internationale et fait depuis des annonces très remarquées. Le Congo vit une situation inédite, la création d’une bien étrange coalition entre le parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi et le régime de son rival, le sortant Joseph Kabila. Retour sur ce revirement de l’histoire.

« Moi, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, élu président de la République démocratique du Congo… » Son traditionnel béret vissé sur la tête, le patriarche de l’opposition congolaise ne doute pas de sa victoire lorsqu’il prête serment le 23 décembre 2011, devant ses partisans et la presse internationale, dans sa résidence de Limete, encerclée par des forces de sécurité acquises à son rival, Joseph Kabila. Cette victoire, il n’est pas le seul à la défendre. Il y a aussi l’incontournable cardinal Laurent Monsengwo qui, à l’instar d’Etienne Tshisekedi, a marqué l’histoire politique et démocratique de son pays depuis 30 ans. La Commission nationale électorale indépendante (Céni) a donné le sortant élu avec 48,95% des suffrages contre 32,33% à Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS, parti d’opposition historique. Le Cardinal Monsengwo ose dénoncer des résultats qui « ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».

A l’époque, l’Eglise catholique n’a pas encore opté pour une compilation citoyenne des résultats. « En 2011, nous étions comme tous les observateurs internationaux, nous avions travaillé sur base d’un échantillon », confie Monseigneur Fridolin Ambongo, vice-président de la Conférence épiscopale du Congo (Cenco) et actuel archevêque de Kinshasa. En ce mois de décembre 2011, Laurent Monsengwo va pourtant plus loin que son partenaire, le centre Carter. Un soir, au cours d’un entretien téléphonique accordé à la RTBF, le cardinal lâche le nom du vainqueur de la présidentielle : « C’est monsieur Tshisekedi qui a eu le plus de voix. »

Dans cette même interview, le plus haut dignitaire de l’Eglise catholique au Congo recommande à l’opposant historique de déposer un recours auprès de la Cour suprême, qui sert à l’époque de juge du contentieux électoral. Pour Etienne Tshisekedi, cette Cour n’est qu’une « institution privée de M. Kabila » dont il ne souhaite pas reconnaître « une certaine légitimité ». Mais le patriarche de l’opposition n’a surtout pas les procès-verbaux de résultats nécessaires pour étayer son recours et préfère contester les résultats par la rue.

Tirer les leçons de 2011

Face aux premières accusations de fraude, le sortant Joseph Kabila, costume bleu sans cravate, chemise rayée, défend sa victoire en anglais le 12 décembre 2011 : « La crédibilité des élections ne peut pas être mise en doute ». Au cours de cet entretien, le chef de l’Etat congolais reconnaît des « erreurs comme dans toutes les élections en Afrique ». Des manifestations de protestation, pour l’essentiel dans la capitale, sont réprimées dans le sang. Entre le 26 novembre et le 25 décembre 2011, l’ONU a documenté au moins 33 civils tués, 16 autres portés disparus et des dizaines de blessés et de militants arrêtés à Kinshasa.

« C’était un massacre, j’ai moi-même fait l’objet d’une arrestation le jour des élections », commente Me Jacquemain Shabani, secrétaire général de l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, en 2011. Malgré la présence de plusieurs missions d’observations électorales étrangères et d’une Mission de maintien de la paix de l’ONU (Monu...   

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