En RDC, plusieurs mouvements citoyens ont réclamé justice pour toutes les victimes des marches pacifiques organisées ces dernières années, ayant abouti au départ du président Kabila, à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Rossy Mukendi.
Rossy Mukendi, activiste congolais, avait été tué le 25 février 2018, abattu par la police dans une paroisse catholique de Kinshasa, alors qu'il participait à une marche organisée par le Comité laïc de coordination (CLC). Un an après, plusieurs mouvements citoyens demandent au nouveau chef de l'Etat de l'élever à titre posthume au rang de « héros national », mais aussi que le 25 février soit officiellement institué « Journée nationale de la lutte citoyenne », en hommage à Rossy Mukendi et à ses compagnons de lutte.
« Nous lançons un appel aux autorités nouvellement élues de pouvoir activer les mesures judiciaires à l’encontre de tous ceux qui sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans l’assassinat de toutes les victimes des marches pacifiques qu’on a eu à organiser, notamment par le Comité laïc de coordination (CLC), ainsi que d’autres structures de la société civile et d’autres partis de l’opposition, explique Albert Kabeya, du mouvement citoyen Lucha au micro de RFI. Pour nous, toutes les victimes, Rossy, Luc [Nkulula] et les autres, ont permis le départ du président Kabila et nous allons tout faire pour que M. Kabila, et toute sa bande, puissent être déférés devant la justice. Tous les criminels de la base au sommet de l’Etat du temps de Kabila doivent rendre compte à la justice pour tout ce qu’ils ont commis comme crimes pendant qu’ils étaient au sommet de l’Etat. Et si les nouvelles autorités ne le font pas, ils seront vus comme des complices. Mais nous allons nous battre jusqu’au "sacrifice suprême" pour que la justice puisse être rendue ».
Lente procédure judiciaire
Un an après sa mort, la famille et les proches de Rossy Mukendi continuent de réclamer que « les vrais auteurs de son meurtre » soient poursuivis. Un procès s'est ouvert l'an passé contre un policier, présenté comme le meurtrier présumé, mais la procédure piétine. Les avocats de l'activiste décédé contestent en effet cette procédure et ont même déposé une requête à la Cour constitutionnelle – toujours pendante – au motif que nul ne peut être arrêté, détenu ou condamné pour des faits commis par autrui. C'est l'article 17 de la Constitution congolaise.
Car selon Me David, l'un des avocats de la famille, le policier mis en cause ne serait pas le véritable responsable. Il espère qu'à partir d'une nouvelle plainte déposée en septembre 2018 et visant des hauts responsables de la police cette fois, un autre procès s'ouvrira.
« Les procès en cours, on n’y croit pas parce que nous pensons que celui qui a été déféré est un "lampiste expiatoire" parce que, le médecin légiste a reconnu que la balle qui avait percé le corps de Rossy, c’était une balle réelle, alors que le procès-verbal de saisie d’objet de l’arme que détenait le prévenu actuellement poursuivi renseigne qu’il détenait une arme avec des balles non létales. Ce qui est une confusion, affirme Me David. C’est comme ça que nous avons initié une autre plainte adressée à l’auditorat général [parquet militaire], qui est en cours au niveau du parquet pour que les vrais auteurs, et cette fois-là, cette plainte est nominative avec les noms que nous avons cités, les noms que nous avons recueillis au niveau de l’instruction du premier dossier, parce qu’ils étaient venus comme étant des témoins, mais nous avons estimé que leur témoignage prouvait à suffisance qu’ils étaient eux-mêmes auteurs tant matériels qu’intellectuels de la mort de Rossy. Et nous attendons l’issue du dossier au niveau du parquet, on attend maintenant le procès avec les vrais auteurs de la mort de Rossy. »
Ce à quoi le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba a répondu : « L’enquête, au niveau de l’Auditorat général suit son cours. Je fais confiance aux magistrats militaires chargés de cette enquête… Attendons ».