Au Nigeria, la campagne pour les élections générales s'achève ce jeudi 21 février à minuit. Une campagne largement marquée par les fake news.
C'est presque devenu une habitude. Depuis le début de la campagne électorale au Nigeria, nombreux sont les hommes politiques à devoir démentir de fausses informations circulant sur les réseaux sociaux. Ce jeudi, c'était au tour du vice-président sortant Yemi Osinbajo, visé par une rumeur de démission.
« Il y a une propagande délibérée. On diffuse l'information selon laquelle j'ai démissionné. Et c'est partout, s'offusque-t-il. Sous prétexte que je n'étais pas présent à la réunion de sécurité. J'étais simplement à mon bureau ! »
Cette sortie est le dernier épisode en date d'une campagne électorale marquée par la recrudescence des fausses informations, toutes plus fantasques les unes que les autres. Comme celle affirmant que le président sortant Muhammadu Buhari avait été remplacé par un clone. Ou encore cette vidéo truquée montrant l'opposant Atiku Abubakar échangeant une poignée de main avec Donald Trump avant même d'avoir posé un pied aux Etats-Unis au mois de janvier. Ces derniers jours, des images de bourrages d'urnes de scrutins précédents étaient détournées et présentées comme étant d'actualité
Les infoxs seraient-elle devenues un nouvel outil de propagande pour la classe politique ? David Ajikobi, rédacteur en chef du bureau nigérian de l'organisation Africa Check, en est convaincu. « Ce à quoi nous assistons actuellement est sans précédent. Les fake news font désormais partie intégrante des stratégies politiques et de propagande. Et ce n'est pas comme si un parti était plus coupable qu'un autre, non, cela existe des deux côtés, sur tout l'échiquier politique », remarque-t-il.
Twitter, Facebook et WhatsApp se sont engagés à renforcer les contrôles des messages postés sur les réseaux sociaux nigérians. Il n'empêche, les observateurs craignent une diffusion de faux résultats à l'issue du scrutin, qui pourraient entraîner des violences.
Elections au Nigeria : une fin de campagne inégale
La prolongation de la campagne électorale aura duré à peine trois jours. Trois jours marqués par des échanges musclés entre les deux principaux partis, le PDP et l’APC, qui se sont mutuellement accusés de triche et de complicité avec la Commission électorale. Des invectives, mais peu de débat sur le fond des programme.
Le report des élections générales, décidé au dernier moment par la Commission électorale, a engendré des dépenses non prévues. Pour les petits partis, l'impact a été considérable. « Le report de l’élection est pour nous une saignée financière, parce que nous avions épuisé tous nos supports en communication. On n’avait plus de t-shirts et d’affiches. Il a donc fallu chercher des fonds pour en imprimer à nouveau, explique Azeez Olu Quadry, l’un des conseillers de Banky W., artiste qui brigue un siège à la Chambre des représentants. Nous n’avions pas assez d’argent pour mener une campagne digne de ce nom. Un seul jour de terrain coûte entre 700 000 et 1 million de nairas, car il faut payer les bénévoles et prévoir quelque chose pour les communautés ciblées lors des visites. Mais nous n’avions pas suffisamment d’argent pour poursuivre la campagne. »
Les petits candidats ont dû se résoudre à finir leur campagne via les radios et télés locales.