Alors que les Comores se préparent pour des élections présidentielles anticipées, le 24 mars prochain, une marche pacifique a été organisée, ce samedi 16 février, à Moroni, par un comité de soutien à la liberté d'expression. Elle avait pour but de protester contre le nombre croissant d'arrestations et même d'emprisonnements de ceux qui ne vont pas dans le sens du régime du président Azali. Faute d’autorisation préfectorale, elle a été interrompue.
Cette semaine, deux animateurs radio, très critiques à l’égard du pouvoir, ont été incarcérés, accusés notamment d’incitation à la rébellion et d’outrage. Craignant qu’ils ne soient ainsi détenus jusqu’à l’investiture du président, au mois de mai prochain, le comité de soutien à la liberté d’expression a organisé la protestation ouverte à tous. La marche était essentiellement composée de journalistes avec quelques membres de la société civile. Elle a été stoppée à mi-parcours par des gendarmes, faute d'autorisation préfectorale.
« Nous avons été empêchés de faire la marche. Nous avons demandé une autorisation. On n’a pas eu de réponse négative et là, il y a des gendarmes qui disent qu’il ne faut pas la faire. Nous, on va se battre pour la liberté d’expression. C’est un droit fondamental », assène l‘une des manifestantes bloquées par les gendarmes.
Le comité de soutien à la liberté d’expression est une plateforme visant à protester contre les arrestations, en cascade, des avis divergents du pouvoir.
« Cette plateforme peut être intégrée par n’importe quel citoyen qui estime que la liberté d’expression est un droit qu’il faut à tout prix protéger. Ces derniers temps en Union des Comores, journalistes, opposants, politiques sont sérieusement malmenés. L’ensemble des professionnels des médias s’indignent que la liberté d’expression puisse à ce point être menacée », indique Mbaé Ali, journaliste et membre du comité.
La marche silencieuse a également été ralliée par des membres de la société civile tels que le rappeur Cheikh MC, un artiste engagé.
« Encore une fois, le gouvernement Azali démontre sa volonté de fermer nos gueules et de continuer son plan visant à le maintenir au pouvoir à vie. Mais aujourd’hui, je pense que c’est un devoir de tout un chacun – en tout cas ceux qui sont attachés à la liberté – de se manifester, de montrer que c’est un don que nous ne sommes pas prêts à rendre, à savoir la liberté. Donner c’est donner, reprendre c’est voler et donc nous, on est là pour notre dû », dit-il.
Emprisonnés depuis mardi dernier, les deux vedettes des réseaux sociaux n’ont pas encore été entendues par le juge d’instruction qui a simplement signé leur transfert en maison d’arrêt.