Au Nigeria, les scrutins législatifs et présidentiel, prévus ce samedi, ont été reportés d’une semaine. Une annonce inattendue survenue dans la nuit à la dernière minute en raison de questions logistiques. Initialement, 84 millions d’électeurs étaient appelés à voter et de nombreux électeurs ont tout de même fait le déplacement vers leurs bureaux de vote, qui devaient ouvrir à 8h.
Le report de ces élections a pris tous les Nigérians par surprise. Plusieurs milliers d’entre eux se sont d’ailleurs déplacés dans leur Etat d’origine afin d'aller voter. Le président Muhammadu Buhari, par exemple, est normalement du côté de Katsina, dans l’Etat de Katsian à Daura, sa localité d’origine. Son principal rival Atiku Abubakar, lui, s’est rendu normalement dans l’Etat d’Anamawa.
Il est vrai que l’opposition, depuis plusieurs jours, disait qu’un certain nombre des bulletins de vote n’étaient pas imprimés. L’Inec aussi, à demi-mot, avait reconnu qu’il y avait des problèmes d’acheminement de son matériel électoral à cause aussi du réseau routier nigérian sachant que les élections se déroulent dans 36 Etats. Mais, si la rumeur avait enflé vendredi soir, personne n’imaginait une telle décision il y a encore 24 heures.
Surpris et résignés
A Obalende, un quartier de Lagos, les habitants sont partagés entre la surprise et la résignation. Ce samedi matin, le quartier s’anime tout doucement : les gens se regroupent perplexes autour d’un commerce : sur le mur, les listes d’électeurs sont affichées. Mais rien, pas d’agent électoral, pas d’urnes. Alors ici, forcément, on s’interroge.
Mohamed Sabo, un vieil homme d’au moins 70 ans, s’est pointé à 7 heures, devant son bureau de vote : un simple banc, à l’angle d’un commerce. Mais rien. Pas de matériel électoral, pas d’agent de la Commission électorale. « Je suis perturbé », affirme ce vieil homme qui, comme de nombreux autres électeurs rencontrés dans ce quartier, se résigne à attendre la semaine prochaine.
Beaucoup d'interrogations
A Falamo, autre quartier populaire de Lagos, on sent une certaine colère. « C’est toujours comme ça, nos autorités sont désorganisées », lâche Johnson, un jeune visiblement découragé. Il est resté connecté toute la nuit sur les réseaux sociaux. « On s’attendait à ce report : c’est une habitude au Nigeria. Pour moi, il est clair que la Commission électorale n’était pas prête : il y avait déjà des rumeurs à ce sujet qui circulaient la semaine dernière, selon lesquelles les bulletins n’avaient même pas été imprimés. » Seul indice de la tenue d’une élection : des listes d’électeurs affichées sur les murs des commerces.
Dans ce quartier, quasiment aucun commerce n’a ouvert. Les habitants songent déjà aux pertes causées par cette journée de scrutin annulée. Plusieurs questions commencent à se poser : quelle sera la réaction des Nigérians suite à cette annonce et quel impact cette décision le report aura sur les acteurs politiques dans un contexte où la violence et la mort sont très présents ? Dernier exemple en date, ce vendredi, les corps de 66 personnes tuées lors d’une attaque ont été découverts ans l’Etat de Kaduna, dans le nord-ouest du pays.