À une dizaine de kilomètres au nord de Goma, dans la contrée de Kanyaruchinya, plus de 50 000 déplacés fuyant la guerre entre le M23 et les forces armées congolaises sont quasiment sans assistance. Venues principalement de Rutshuru centre et de Kiwanja où le M23 sème la terreur actuellement, ces familles vivent dans des situations inhumaines.
A Kanyaruchinya, il n’y a que la tristesse qu’on peut lire sur le visage des milliers de personnes forcées par la guerre à abandonner leur maison. Enfants, femmes, hommes tous confondus, passent les nuits quasiment à la belle étoile et/ou à même le sol. Sur place, le reporter de Le Journal.Africa a fait un focus sur la vie que mènent les femmes déplacées dans cette contrée.
Maîtresses de ménages, plusieurs femmes n’ont rien à faire. « Nous n’avons pas de ménages et aucune autre occupation» ; lâche Nyota Mugisha, mère de trois enfants. Elle et ses enfants passent nuit à même le sol depuis près de deux semaines maintenant.
Cette femme a tout abandonnée à Rutshuru…
La guerre a pris une autre tournure pendant qu’elle venait de dépenser ses dernières économies pour les semences agricoles. Elle n’a plus de nouvelles de son époux depuis son arrivée à Kanyaruchinya. « Mon mari n’était pas à la maison quand tout à commencé. Nous étions en débande et je n’avais aucun moyen de le joindre. Je ne sais même pas par quel miracle je suis arrivée dans ce camp. Les balles sifflaient de partout. Tout mon village se vidait ; je ne pouvais pas y rester seul. Mes enfants et moi n’avons pas eu le temps de récupérer même des habits ».
Mugisha, qui n’a pas de quoi nourrir ses enfants, prie chaque matin pour que les jeunes qui leurs servent de la bouillie et du pain viennent à nouveau. « A chaque fois que je les vois, je me sens très soulagée. Au moins là je sais que j’aurais de quoi mettre sous la dent. Que Dieu bénisse ces jeunes » ; a-t-elle prié.
Enseignante, Merveille Musekura, elle encadre les enfants !
Pour être utile à sa communauté, Merveille Musekura âgée de 26 ans encadre les enfants de son village en refuge au sein du camp de l’école primaire Boga. Elle fait tout son possible pour éviter que ces enfants errent. Dans sa classe, elle s’occupe d’au moins 50 enfants. Cette dame courageuse dit avoir plusieurs défis, entre autres le manque des craies et certains livres pour la préparation des cours pendant tout le temps qu’ils seront dans ce milieu. « Que Les gens nous viennent en aide et surtout à l’éducation de ces enfants que j’encadre ici. On ne sait pas quand le calme reviendra chez nous, même avec un cahier, stylos, un carton de craies … »; exhorte Merveille Musekura.
Les conditions de vie des déplacés du camp de Kanyaruchinya sont très difficiles, car ils doivent affronter au quotidien des intempéries et des risques des maladies contagieuses telle que la rougeole ou le choléra. Étant dans de mauvaises conditions hygiéniques, les femmes et les enfants sont les plus exposés à ces maladies.