À Fizi, les chefs coutumiers s’engagent fermement pour une paix durable et une cohésion renforcée. Réunis en assemblée annuelle le week-end dernier, ils ont dressé un bilan sans concession des tensions sécuritaires et coutumières locales, malgré les obstacles qui ralentissent le développement du territoire.
Réunis ce samedi dans un climat de franchise et de responsabilité, les chefs coutumiers du territoire de Fizi ont tenu leur assemblée annuelle. Ce rendez-vous désormais incontournable a offert aux dépositaires des traditions l’occasion de dresser un bilan lucide de la situation locale, encore marquée par des défis sécuritaires récurrents et des tensions au sein même du pouvoir coutumier.
L’assemblée a aussi permis d’évaluer les décisions prises lors de la précédente édition et d’identifier de nouvelles voies pour consolider la paix et l’unité dans les communautés des hauts et moyens plateaux, durement touchées par des conflits à répétition. Les discussions ont souligné l’urgence de fluidifier les échanges entre autorités coutumières et institutions provinciales. Les participants se sont accordés sur la mise en place de mécanismes de dialogue plus performants pour mieux transmettre les préoccupations locales aux décideurs administratifs.
Pour l’administrateur du territoire, Samy Kalonji, ce rapprochement porte déjà ses fruits grâce au leadership du gouverneur de province, dont il a loué la « vision claire et pragmatique ». Cette gouvernance, a-t-il affirmé, a contribué à apaiser de nombreuses querelles coutumières qui entravaient la stabilité de Fizi.
Des projets de développement entravés par l’insécurité
Kalonji a évoqué les chantiers en cours, dont la construction d’un marché moderne à Misisi, emblème d’un renouveau économique. Cependant, les hostilités dans l’Est, en particulier le conflit avec le M23, ont conduit à geler certains financements, reportant l’avancement de ces initiatives. Il a également salué l’action du député provincial Jean-Jacques Purusi, fer de lance de la réhabilitation des routes agricoles et de tronçons de la Route nationale n° 5 (RN5).
Ces infrastructures redonnent espoir aux habitants et relancent le commerce dans un territoire longtemps isolé.Au-delà des constats et des remerciements, l’accent a été mis sur l’engagement. L’administrateur a invité les chefs coutumiers à se muer en véritables ambassadeurs de paix, veillant à une cohabitation harmonieuse entre toutes les composantes sociales.
« La paix est la base de tout développement », a martelé Samy Kalonji, appelant à promouvoir la tolérance et à faire de Fizi un espace où agriculteurs, commerçants et déplacés puissent vivre et travailler dignement.
Face à l’instabilité dans plusieurs zones, les Comités de consultation et de résolution des conflits coutumiers (CCRCC) ont suspendu temporairement leurs activités. Leur reprise, a précisé l’administrateur, interviendra « dès le retour au calme », en phase avec la vision du chef de l’État pour une paix restaurée sur l’ensemble du territoire national.
Cette pause n’émousse toutefois pas la résolution des chefs à poursuivre leurs efforts de médiation et de sensibilisation, dans un contexte où chaque initiative pacifique est précieuse.
Un appel à l’unité contre les discours de haine
Kalonji a vivement dénoncé la multiplication de messages haineux et clivants sur les réseaux sociaux. Il a enjoint la population à rejeter toute manipulation et à privilégier la cohabitation pacifique.
Pour lui, la stabilité de Fizi repose sur l’unité et la solidarité de ses habitants : « Nous devons bannir la discorde et construire ensemble un avenir où la paix n’est plus un idéal, mais une réalité quotidienne. »Malgré les obstacles, cette rencontre annuelle souffle un vent d’optimisme.
Doté de riches potentialités agricoles, minières et humaines, Fizi ambitionne de s’imposer comme un pôle de développement durable au Sud-Kivu. Pour cela, la paix, portée par les chefs coutumiers et appuyée par les autorités, doit s’ancrer durablement dans les esprits et sur les terres de ce territoire prometteur.


