Avec plus de 4 000 personnes vivant avec le VIH, la zone de santé de Beni fait face à une pression croissante malgré les avancées enregistrées dans la prise en charge. Les autorités sanitaires du Grand Nord-Kivu alertent sur la persistance de nouvelles infections et sur les défis logistiques qui freinent la sensibilisation.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre, les autorités sanitaires du Grand Nord-Kivu ont présenté une mise à jour détaillée de la situation. Dans la seule zone de santé de Beni, 4 029 personnes vivent aujourd’hui avec le VIH, selon l’infirmier superviseur Damien Kambale.
Parmi les personnes suivies, les femmes demeurent majoritaires : 2 618 contre 1 411 hommes. Les adultes de 25 à 49 ans représentent la catégorie la plus touchée, avec 1 940 patients sous antirétroviraux, suivis des plus de 50 ans, qui comptent 968 malades. La maladie touche également des milieux fermés : 35 détenus de la prison de Kangwayi suivent actuellement un traitement.
Le docteur Nicaise Mathé, coordonnateur du Programme national de lutte contre le Sida dans le Grand Nord-Kivu, souligne les « avancées significatives » obtenues grâce à la prévention combinée : renforcement institutionnel, gratuité des ARV et accompagnement médical, ainsi qu’une forte mobilisation communautaire.
Il assure que ces progrès permettent d’envisager une République démocratique du Congo sans VIH horizon 2030, conformément au thème national : « Une riposte équitable pour une RDC sans VIH-Sida ».
Toutefois, le lancement des activités de sensibilisation prévues pour ce mois connaît un retard, en raison de difficultés d’approvisionnement en matériel : t-shirts, casquettes, préservatifs et tests rapides. Le PNLS évoque un possible report des activités publiques de « deux semaines ».
Renforcement du dépistage de la charge virale
La zone de santé de Beni vient de recevoir deux appareils MPIMA, installés à l’hôpital général et au centre de santé de Mabakanga. Ils permettront d’évaluer la charge virale après six mois de traitement, une étape clé pour confirmer l’indétectabilité du virus, condition essentielle pour réduire fortement les risques de transmission.
Malgré les actions de prévention, 43 nouveaux cas ont été enregistrés le mois dernier, signe que le VIH continue de circuler dans la région. Les autorités rappellent que 13 structures sanitaires assurent gratuitement le dépistage et la prise en charge des patients, de Butsili à Païda en passant par Ngilinga, Malepe, Kanzulinzuli et l’hôpital général.
Les responsables de santé insistent sur trois recommandations majeures : se faire dépister tôt, éviter le recours aux tradipraticiens et combattre toute forme de stigmatisation. Ils rappellent que le VIH « ne se transmet ni par les repas ni par la cohabitation ». Ils mettent également en garde contre certaines églises qui encouragent les malades à abandonner leur traitement, une pratique jugée « dangereuse ».
Gloire Tsongo GT


