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RDC : à Mangina, premier foyer d’Ebola, Antonio Guterres interpelle : « Ne cachez pas les symptômes. Venez ! »

A Mangina, au Nord-Kivu, des hordes d’enfants jouent autour des maisons en pisé ; des échoppes sont ouvertes à chaque coin de rue. Dans l’est de la RD Congo, au cœur même du village où la maladie à virus Ebola a été déclarée le 1er août 2018, la vie continue comme si de rien n’était. Ou presque. C’est pourtant au cœur de ce village agricole qu’est installé le Centre de traitement Ebola (CTE), jouxté par la crèche tenue par les sœurs du bureau diocésain des œuvres médicales sous la coordination de l’Unicef.

Dimanche 1er septembre, Antonio Guterres a choisi de se rendre à Mangina, lieu symbolique s’il en est puisque c’est justement ici même que l’épidémie d’Ebola est apparue il y a un peu plus d’un an. Epidémie qui, malgré une accalmie relative, est repartie à la hausse début 2019. A ce jour, on compte plus de 2000 personnes décédées de la maladie à virus Ebola dans l’est de ce vaste pays, notamment à Beni, Katwa, Butembo, avec des cas à Goma et à Bukavu (Sud-Kivu) ainsi qu’en Ouganda. « Ebola reste une menace sérieuse de santé publique pour le pays et la région« , a souligné M. Guterres. En juillet dernier, l’épidémie a été décrétée « urgence sanitaire de portée internationale » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A Mangina, l’épidémie a tué 285 personnes pour 606 cas confirmés, dont une majorité de femmes et d’enfants de moins de 5 ans.

Accompagné, entre autres, de Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint et chef des opérations de maintien de la paix, de Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo, et du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, M. Guterres a tout d’abord rencontré divers représentants de la composante humanitaire (Organisation mondiale de la santé, Programme alimentaire mondiale, Unicef, ONG internationales telles Oxfam, Medair, Mercy Corps) qui lutte au quotidien pour tenter d’endiguer l’épidémie.

Antonio Guterres s’est dirigé ensuite vers le pavillon A du CTE qui accueille les patients suspectés d’avoir attrapé la maladie à virus Ebola. Là, les patients subissent divers tests qui permettent de savoir s’ils ont, ou non, contracté la maladie. M. Guterres s’est entretenu avec le personnel soignant du CTE mettant en avant leur « travail extraordinaire » ainsi que leur « courage ». Puis il a participé, aux côtés du directeur général de l’OMS, à une cérémonie de remise de diplômes à des personnes ayant survécu à Ebola et déclarées officiellement guéries. « Vous êtes des héros ! » leur a-t-il dit, avant d’ajouter :« Héros pour avoir vaincu la maladie mais aussi pour avoir eu la sagesse de venir vous faire soigner ».

« Il faut dire à tout le monde qu’à la moindre suspicion, il faut venir (au CTE) pour vérifier s’il n’y a pas de problème », a poursuivi le Secrétaire général. « Ceux qui viennent ici peuvent guérir. Il faut transmettre ce message à tout le monde. Ne cachez pas les symptômes. Venez », a-t-il insisté, après avoir rencontré des personnes guéries, toujours dans l’enceinte du CTE. En effet, il faut noter que la résistance des populations envers l’existence même de la maladie est grande : déni pur et simple de la maladie, refus de recevoir des soins, violence enregistrée envers les équipes de riposte, etc. Les motifs de résistance s’avèrent nombreux.

Parmi ceux qui ont pu discuter avec le numéro un de l’ONU se trouve le mwami Kapupa, représentant des chefs coutumiers de la région. « Il est venu nous réconforter par rapport aux affres que nous avons connues dans nos communautés. Nous avons la maladie qui nous ravage comme la guerre », a déclaré ce chef coutumier.

La visite du Secrétaire général l’a également conduit à la crèche qui jouxte le CTE. Cette crèche a été construite par l’Unicef afin d’accueillir les enfants dont l’un ou l’autre parent est suspecté ou atteint de la maladie à virus Ebola. Là, en ce dimanche 1er septembre, M. Guterres a rencontré Jospin, bébé de neuf mois, dont la mère est actuellement en passe d’être guérie d’Ebola au CTE. Jospin est ainsi gardé et cajolé par Annie, l’une des six « berceuses » de la crèche, toutes étant des ex-patientes du CTE guéries d’Ebola qui donnent de leur temps aux enfants accueillis à la crèche.

Enfin, le Dr Marie-Roseline Belizaire, coordinatrice OMS de la réponse Ebola à Mangina, a accompagné Antonio Guterres pour la dernière visite du jour, celle du camp de vie de Mangina. Là, ils ont ensemble fait le tour du camp qui compte 31 tentes dans lesquelles sont hébergées près de 200 personnes (dont une trentaine de femmes) travaillant toutes, au quotidien, pour la composante humanitaire présente à Mangina. Le Secrétaire général a chaleureusement remercié « toutes ces personnes courageuses qui donnent le meilleur d’elles-mêmes » afin d’endiguer la maladie.

Antonio Guterres s’est envolé en milieu d’après-midi vers Beni, puis vers Kinshasa. Dans la capitale congolaise, il est prévu que M. Guterres rencontre le président de République et le Premier ministre le 2 septembre.

Envoyée spéciale, Marylène Seguy.

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