Alors que l’épidémie de maladie à virus Ebola a maintenant dépassé la barre des 2.000 cas dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les indicateurs de ces deux dernières semaines montrent les premiers signes d’une diminution de l’intensité de la transmission, a indiqué vendredi 7 juin l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’OMS souligne que cette baisse fait suite « à une période d’amélioration de la sécurité ». Cette amélioration a ainsi permis aux équipes d’accéder aux communautés, « permettant aux équipes d’intervention de fonctionner plus librement ».
Depuis le début de l’épidémie en cours en août dernier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, 2.031 cas ont été enregistrés, dont 1.937 confirmés et 94 probables. « Au total, il y a eu 1.367 décès (1.273 confirmés et 94 probables) et 552 personnes guéries », a annoncé le ministère congolas de la Santé dans son bulletin épidémiologique diffusé jeudi soir.
Dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, 293 cas suspects sont en cours d’investigation.
De son côté, l’OMS note qu’au cours de chacune des deux dernières semaines, 88 nouveaux cas ont été comptabilisés, contre une moyenne hebdomadaire de 126 en avril. Les baisses de l’incidence des nouveaux cas ont été les plus apparentes dans les zones sensibles telles que les zones de santé de Katwa, Mandima et Beni.
Selon l’agence onusienne basée à Genève, l’épidémie continue d’être contenue dans 12 zones de santé actives dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Persistance des taux d’infection dans la région métropolitaine de Butembo
Parmi les 6 nouveaux cas confirmés lors du dernier décompte, 2 l’ont été à Musienene, 2 à Mandima, 1 à Butembo et 1 à Mabalako. Des taux substantiels de transmission ont ainsi persisté dans les communautés touchées et de nouvelles vagues d’épidémie peuvent être attendues.
« Une augmentation de l’incidence des nouveaux cas a été signalée dans la zone de santé de Mabalako au cours des dernières semaines et des taux d’infection élevés persistent dans la région métropolitaine de Butembo », a fait valoir l’OMS.
En outre, l’OMS a rappelé qu’un quart des contaminations de la fièvre hémorragique Ebola dans l’Est de la RDC ne sont pas décelées ou le sont trop tard. Les délais entre la détection, le signalement et l’admission des cas dans les centres de traitement ou de transit restent trop longs.
L’OMS évoque même une tendance médiane de 6 jours, un intervalle interquartile de 4 à 9 jours au cours des 3 dernières semaines, avec environ un tiers (34% au cours des 3 dernières semaines) des cas de décès en dehors des centres. « Collectivement, ces indicateurs soulignent que les risques associés à cette éclosion restent très élevés », prévient l’OMS.
Plus largement, l’agence onusienne a rappelé les difficiles conditions de la riposte constatées entre la mi-avril et le mois de mai, avec notamment une détérioration générale de la situation en matière de sécurité. Une insécurité marquée par « une persistance de poches de méfiance envers la communauté et exacerbée par les tensions politiques et l’insécurité ».
Cette situation notée particulièrement ces quatre dernières semaines a entraîné « des suspensions temporaires récurrentes et des retards dans les enquêtes et les activités d’intervention dans les zones touchées, réduisant efficacité globale des interventions ».
Évaluation des risques de l’OMS
Cependant, l’OMS rappelle que le dialogue communautaire récent, les initiatives de sensibilisation et la restauration de l’accès à certaines zones sensibles ont entraîné une amélioration de l’acceptation par la communauté des activités de réponse et des enquêtes sur les cas.
Afin d’assurer la sécurité du personnel, les mesures d’atténuation de la sécurité sont renforcées. Plus largement, les autorités sanitaires congolaises et l’OMS continuent de surveiller en permanence l’évolution de la situation épidémiologique et du contexte de l’épidémie pour s’assurer que l’appui à la riposte est adapté à l’évolution de la situation.
« La dernière évaluation a conclu que les niveaux de risque national et régional restent très élevés, tandis que les niveaux de risque mondiaux restent faibles », a fait remarquer l’agence onusienne.
Environ 131.000 personnes ont été vaccinées dont plus de 400 personnes le mercredi 5 juin. Parmi les personnes vaccinées, plus de 36.000 sont des contacts à haut risque, plus de 64.000 sont des contacts de contacts, et plus de 30.000 sont des prestataires de première ligne.
A ce stade, l’OMS recommande d’éviter toute restriction des voyages et des échanges commerciaux avec la RDC, sur la base des informations disponibles.
Avec ONU Info