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Le parcours du combattant de Saida Dasso, une centrafricaine réfugiée en RDC

Au 31 juillet 2021, le nombre des réfugiés et demandeurs d’asile centrafricains vivant en RDC s’élevait à 206 346 personnes. Ces ressortissants du pays de l’empereur Jean-Bedel Bokassa, ne sont pas venus en une fois. Ils sont arrivés au pays de Lumumba par vagues successives notamment en 2013, 2017, 2020, 2021. On les retrouve dans les provinces de Bas-Uélé, Nord-Ubangi et Sud-Ubangi.

C’est dans le contingent arrivé en 2017, que l’on retrouve Saida Dasso. C’est précisément le 15 mai de cette année là, qu’elle est arrivée à Yakoma, dans la province du Nord-Ubangui. La trentaine révolue, elle est mère de quatre enfants, dont trois garçons et une fille. Elle a fui la guerre qui sévit en Centrafrique. Au moment de la fuite, elle est venue en RDC avec ses enfants alors que le mari avait fui ailleurs.

C’est en 2020, soit trois ans après que le mari à Saida l’a retrouvé sur le territoire congolais. Avant cela, en juillet 2017, elle est allée visiter la famille dans son pays d’origine. A peine deux semaines après son arrivée là-bas, les balles ont crépité à nouveau. C’est ainsi qu’elle est retournée dans son pays d’accueil et depuis lors, elle n’a plus mis ses pieds en RCA.

Avant de fuir la guerre en Centrafrique, Saida et son mari n’étaient pas des désœuvrés. Elle était en même temps coiffeuse et restauratrice, alors que son mari était un taximan. C’est grâce à ces activités qu’ils subvenaient aux besoins de leur famille.

A son arrivée à Yakoma, c’est une famille d’accueil qui l’avait (Saida) ouvert ses portes, une famille qu’elle a quitté à un moment donné. Avant de se retrouver sur le site des réfugiés, où elle vit présentement. Elle a dû louer une maison dans le territoire de Yakoma. Pour payer son loyer, c’était la débrouillardise. Elle allait acheter quelques histoires au marché pour les revendre moyennant une petite marge bénéficiaire. Pour une maison de trois pièces, soit deux chambres plus un salon, la jeune femme payait 15 000 francs congolais. A cette époque, elle était seule avec les enfants.

Finalement c’est en début du mois de juin 2021, qu’elle a rejoint le site de Modale, où le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR), relocalise les réfugiés centrafricains. Une fois sur ce site, comment vivre avec ses enfants et le mari qui entretemps les a rejoint ? A part la coiffure qu’elle continue à pratiquer, elle va travailler dans les champs des autochtones pour trouver de quoi nourrir sa petite famille. Quant à la coiffure, elle défrise les cheveux, fait les tresses des mèches ainsi que les plantes. Quand elle coiffe, ses clientes ne donnent pas l’argent, elles lui amènent soit une marmite d’arachides ou encore les couscous. C’est donc une coiffure contre la nourriture. Pour le moment, le mari ne fait rien et c’est grâce à la femme que ce foyer vit.

Cerise sur le gâteau, ça fait six mois que Saida travaille comme journalière à l’Association pour le Développement Social et Sauvegarde de l’Environnement (ADSSE). Elle ne travaille pas bénévolement. Elle a une rémunération mensuelle qui permet de subvenir aux besoins familiaux. A noter que trois de ses enfants étudient dans l’école du village où le site des réfugiés est installé.

À la question de savoir si Saida envisage un jour retourner en RCA si jamais l’Assemblée paix s’y rétablie ou si elle compte rester en RDC? Elle a répondu en ces termes: « Quant à nous, on peut rester ici en RDC, et attendre le jour J, si Dieu veut que dans notre République Centrafricaine que la paix règne. Peut-être, on peut aller, mais d’après moi, j’ai décidé de rester ici.»

Dans cet entretien avec POLITICO.CD, en tant que citoyenne centrafricaine, Saida Dasso ne s’est pas empêchée d’adresser un message aux dirigeants de son pays, quand bien même dans le site des réfugiés où elle vit, il leur est interdit de faire la politique : « Nous voulons la paix. Nous ne voulons pas des murmures. Nous voulons seulement la paix. S’il n’y a pas la paix comment on peut vivre ici et comment on peut encore retourner là-bas ? […] On ne peut pas continuer comme ça, après deux mois vous êtes ici, après deux mois vous êtes là-bas. Non, ça ne peut pas aller. Et c’est par là que nous demandons à nos frères, à nos pères et notre Président de la République, que nous voulons la paix.»

Aux congolais qui ont accepté d’accueillir les réfugiés centrafricains, Saida leur adresse ses remerciements pour l’accueil et pour l’aide multiforme.

Blaise BASOMBOLI

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