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GENOCOST 2025 à  Beni : Un cri pour la vérité et la justice 

À Beni, la Journée nationale du Génocide a mobilisé les habitants pour honorer les victimes des violences armées et dénoncer l’impunité. Entre messes, recueillements et conférences, la ville a réaffirmé son exigence de vérité et de justice. Le rapport du CVAR, documentant les atrocités du M23, souligne l’urgence d’agir. Cette commémoration, empreinte de mémoire, porte un message clair : pas de paix sans justice.

Ce samedi 2 août 2025, Beni, chef-lieu temporaire du Nord-Kivu, a marqué la Journée nationale du Génocide par des événements dédiés à la mémoire des victimes des violences armées, à la dénonciation de l’impunité et à l’appel pour une justice réparatrice. Établie par le gouvernement congolais, cette journée, observée chaque 2 août, honore les millions de Congolais emportés par les conflits, le pillage des ressources et les agressions extérieures.

À Beni, profondément marquée par les exactions des rebelles ADF, cette commémoration prend une résonance particulière. Les habitants se sont rassemblés en grand nombre, débutant la journée par une messe dans une paroisse catholique pour prier pour les défunts, avant de se rendre au cimetière de Masiani, dans la commune de Mulekera, où reposent de nombreuses victimes des massacres.

Devant le mémorial dédié aux victimes, un hommage solennel a été rendu, accompagné d’un nettoyage symbolique du site. Autorités locales, responsables religieux, membres de mouvements citoyens et habitants ordinaires étaient réunis pour l’occasion.

Une mobilisation collective pour la mémoire

La cérémonie a vu la participation de figures notables, dont le maire de Beni, le commissaire supérieur principal Nyofondo Tekodale Jacob, le représentant du gouverneur militaire du Nord-Kivu, Kasereka Somo Evariste, ainsi que des délégués des mouvements citoyens de Beni et Butembo. Des leaders religieux, y compris l’évêque anglican, étaient également présents.

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L’événement s’est prolongé à la salle Vihum par une conférence-débat centrée sur la mémoire collective, la justice transitionnelle et la recherche de paix. Les discussions ont mis en avant l’importance de commémorer les victimes, de combattre l’impunité et de consolider l’unité nationale. « Le 2 août est un appel à l’action. Nous disons non à l’exploitation de nos richesses, non aux massacres perpétrés par l’ADF et le M23, non à l’agression rwandaise », a affirmé Maître Pépin Kavotha, président de la société civile Forces vives de Beni. Il a exhorté toutes les composantes de la société à se mobiliser pour préserver la mémoire des victimes.

« Les Congolais exigent la justice, pas seulement à Beni ou à Goma, mais aussi en Ituri et dans toutes les régions touchées. La communauté internationale doit cesser d’ignorer cette réalité », a-t-il insisté.

La journée s’est conclue par un geste symbolique fort : l’allumage de bougies au rond-point du 30 Juin, également appelé rond-point Nyamwisi, pour souligner que la paix repose sur le devoir de mémoire.

Le rapport du CVAR : un témoignage pour l’histoire

En parallèle, le Collectif des victimes des agressions rwandaises (CVAR) a rendu public un rapport de suivi couvrant la période de juillet 2022 à juillet 2025. Ce document recense les graves violations des droits humains imputées à la rébellion M23, soutenue par le Rwanda. Issu de mois de collectes de témoignages, d’enquêtes et de vérifications sur le terrain, ce rapport se présente comme un acte de mémoire et un signal d’alarme. Il expose l’ampleur des exactions, interpelle la conscience collective et appelle les partenaires internationaux à agir.

« Ce rapport va au-delà d’un simple document. Il est le cri silencieux des victimes oubliées, un hommage à ceux qui ne peuvent plus s’exprimer », a déclaré un membre du collectif. La Journée du Génocide ne se tourne pas seulement vers le passé, elle regarde aussi vers l’avenir.

Au Nord-Kivu, le message est sans équivoque : pas de paix durable sans vérité ni justice. Tant que les responsables des crimes resteront impunis, les Congolais continueront de se battre pour que la mémoire de leurs proches disparus demeure vivante.

Gloire Kambale GT

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