L’affaire commence lors des cérémonies d’ouverture de la 5è édition du fameux festival Buja Sans Tabou qui devrait aller du 7 au 11 février 2022. Les tambourinaires de la Troupe Amagaba font une prestation en tenue de ville. Une prestation mal digérée et qui fera couler l’encre sur les réseaux sociaux et qui entraînera la suspension immédiate dudit Festival par le Ministère chargé de l’Art et la Culture.
“Parmi les danses traditionnelles africaines, tout comme au Burundi, le tambour se joue pieds nus pour rester en union spirituelle avec les ancêtres. C’est vrai que la modernité s’est construite à partir de la tradition. Les explications ne suffisent pas pour empieter ou piétiner la culture. Même le culte traditionnel “ukubandwa » à la façon de se faire. il n’y a pas de modernité. » lâche Jimmy Elvis Vyizigiro, journaliste-chercheur sur Twitter.
Ainsi, le ministère des affaires de la communauté Est africaine, de la jeunesse, des sports et de la culture décide de suspendre le festival organisé par Buja sans Tabou pour protéger, préserver et sauvegarder le patrimoine culturel Burundais.
“…, suite au comportement affiché ne respectant pas les principes sacrés de la danse emblématique d’umurisho w’ingoma qui s’est observé le jour du lancement officiel des activités organisées par le festival du slam Buja sans tabou ou les tambourinaires se sont autorisés à s’exhiber en tenue de ville (costume), le ministère des affaires de la communauté Est africaine, de la jeunesse et des sports et de la culture suspend immédiatement l’événement Buja sans tabou” peut-on lire dans la lettre du 8/02/2022 du ministère.
A lire : PARCEM : La cohésion sociale, un impératif pour une nation solide
Dans l’après-midi du même jour, l’équipe Buja sans tabou sort un communiqué où il revient sur la scène de tambourinaires qui a heurté certaines sensibilités. Il fait part de ses excuses à tout un chacun.
“ nous tenons à exprimer nos profondes excuses au grand public,mais aussi aux autorités ayant dans leurs attributions l’art et la culture”
Le contexte
Dans son communiqué, l’équipe de Buja Sans Tabou a tenu à rappeler dans quel contexte a été jouée la scène ayant fait polémique. “Cette scène de célébration d’ouverture des rideaux de la 5ème édition du festival Buja sans Tabou n’était que pour illustrer ce grand contraste d’une culture qui est dans une autre, car en effet, cette 5eme édition est avant tout une recherche sur soi aussi bien artistique que professionnelle. »
Le thème « Mémoires… » choisi cette année est à bien des égards la continuité de la 4ème édition du festival théâtre “Buja sans Tabou”, Théâtre et histoire. On a réalisé que de la même manière que nous ignorons beaucoup de choses sur la genèse de la ville de Bujumbura, il en était de même avec nos mémoires.
Si certains étaient choqués par les tambourinaires en costard, d’autres l’étaient par la décision du ministère. Paraphrasant le philosophe et professeur Liboire Kagabo, le blogueur Alain Amrah Horutanga dira dans un tweet: « Le plus grand ennemi de l’art, c’est le manque de liberté (…) Un art qui est limité ne peut pas passer dans la postérité. Il est limité pour répondre aux objectifs immédiats et idéologiques… »
Rappelons que la 4eme édition du festival de théâtre Buja Sans Tabou revenait sur les histoires des quartiers de Bujumbura.
A lire aussi : TAMBOURS BURUNDAIS/Symbole de pouvoir : Patrimoine immatériel de l’humanité
Joe Senghor