Site icon LE JOURNAL.AFRICA

« C’est un fait : le théâtre burundais a un avenir radieux ! »

Une semaine après la clôture de la grand-messe du théâtre burundais, l’émerveillement resta là. Buja Sans Tabou est l’accomplissement d’un art qui a su fédérer et se faire réapproprier par les plus jeunes…

Pour le dernier jour du festival, Buja Sans Tabou avait misé sur l’émotion. Et il faut dire qu’ils ont mis le paquet. De la pièce « Les larmes du crocodile » suivie par une danse contemporaine au « Miroir », pièce jouée par Inshuti dance, en passant par le remake de la collaboration Intatana-Az Bollywood dance, le public a eu droit à une clôture en beauté d’une semaine riche en histoires et représentations. Cela au grand plaisir des amoureux de cet « art des planches ».

C’est le cas pour Bella, une inconditionnelle du théâtre. Au sortir du show de ce dimanche au Musée Vivant, elle déclarait, visiblement conquise par ce à quoi elle venait d’assister durant toute la semaine : « C’était vraiment super. On a ri, on a dansé, on a chanté et surtout, on a appris. Moi j’ai beaucoup aimé ». Et d’ajouter :« Je ne croyais pas que les jeunes burundais avaient autant de talent ! ». 

Un art plein de ressources…

Des talents, le théâtre burundais en regorge. Ce qui fait dire à Freddy Sabimbona que « la situation du théâtre burundais est prometteuse ». Cela, explique le patron de Buja Sans Tabou, car ils savent exactement ce qu’ils veulent et où ils vont mais surtout ce qu’ils sont en train de créer à savoir « une plateforme, un espace où la pensée peut cohabiter en plusieurs formes ».

Il faut dire que des anciennes troupes théâtrales comme Pilipipli, Lampyre, Umushwarara aux nouvelles à l’instar de Shakespearean Theater group, la compagnie Ouf, Yetu drama en passant par les Enfoirés de Sanoladante ou encore Umunyinya, le théâtre burundais a fait du chemin. Tout ça « grâce à des jeunes talentueux, passionnés, qui travaillent sans relâche, et surtout dans un esprit d’entraide mutuelle », comme le dit le dramaturge Rivardo Niyonizigiye.

C’est aussi au prix des formations continues dont bénéficient les acteurs ici comme à l’extérieur. Cet apprentissage perpétuel renforce leur savoir-faire dès lors qu’ils travaillent en collectif et permettra d’assurer la relève le moment venu. Arthur Banshayeko, metteur en scène, a bénéficié d’une des plus prestigieuses. 

Trois semaines au Lincoln Center Theater Directors Lab (USA), il déclarait à son retour en août dernier : « Je pense qu’au Burundi, le niveau du théâtre est ‘‘beau’’, si l’on prend en considération le respect que ceux qui travaillent dans le théâtre donne à leur travail. Mais également la qualité des productions. Il y a des productions qui voyagent et que nous montons dans les festivals d’autres pays. Nous visitons d’autres pays, nous voyons d’autres spectacles et les nôtres sont aux mêmes standards ».

…pour un futur alléchant

Avec un public qui est là tous les soirs à regarder les représentations, donc des salles qui affichent complet, et qui en redemande, le théâtre burundais se professionnalise petit à petit. Et « la dissociation des métiers (acteurs, metteurs en scène, auteurs, scénographes en cours actuellement) y contribue fortement », fait remarquer Rivardo

La prochaine étape : « Continuer dans le sens de Buja Sans Tabou à vouloir faire que le théâtre aille vers les gens, chez eux dans les quartiers pour y jouer et s’y implanter », dira M. Sabimbona. Une façon aussi, selon lui, de réfuter cette croyance comme quoi le théâtre serait réservé à une certaine élite alors qu’en fait, il est pour tous, pour pouvoir discuter, partager une pensée, une réflexion…

Cependant, les défis ne manquent pas : celui financier, le manque de techniciens suffisants qui sont ceux qui donnent cette beauté au théâtre ou encore des parents qui ne comprennent pas encore comment quelqu’un qui a « terminé ses études se tourne au théâtre ». Et Freddy Sabimbona d’en appeler au pays pour qu’il commence « à respecter ses artistes et de les traiter à leur juste valeur car ceux-ci sont le miroir de la société ». De ce fait, conclut-il, « ils pourront continuer à contribuer à faire de cette terre ‘‘un monde moins bousculé’’ ».

 

Quitter la version mobile