Au Burundi, au moment où l’année scolaire est très proche, les matériels scolaires commencent à grimper. Les commerçants crient au manque des clients. Les acheteurs se sont désespérés suite à cette augmentation du prix.
Jeudi 4 août 2022. Il est 11 heures. Nous sommes en zone Rohero, commune Mukaza de la capitale économique du Burundi (Bujumbura). Précisément, la rue qui passe devant le siège de la régie nationale des postes et l’ancien marché central de Bujumbura. Le lieu le plus réputé dans la commercialisation des fournitures scolaires .Des tables remplies de cahiers, de lames de papier, de lattes, de boîtes mathématiques et d’autres matériels sont observés sur les dites lieux. Les commerçants se sont assis devant les marchandises. D’autres vendeurs sont à la recherche de clients. Pas de mouvements de va-et-vient des acheteurs.
Jeanne Bukuru commerçante des fournitures scolaires affirme la hausse du prix de ces derniers. Les causes qui sont liées à cette augmentation de prix sont très nombreuses. Entre autres, elle parle du manque des devises, la pénurie du carburant et le prix du transport qui augmente du jour au jour. Ce qui est paradoxal, les cahiers importés coûtent moins cher que ceux produits localement.
Pour ceux qui disent que les commerçants font des spéculations des prix, Bukuru le refuse catégoriquement. Les prix sont fixés en tenant compte du coût d’achat, dit-elle. Elle fait savoir que le prix du carton des cahiers importés de l’Ouganda est passé de 110.00 (prix d’août 2021) à 210.000 BIF .
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Un cahier de 100 feuilles est passé de 1200 à 2000 BIF. Un cahier de 60 feuilles se vend à 1500 contre 750 BIF de l’année passée, soit une augmentation de 100%. Celui de 48 feuilles s’achète à 1200 BIF contre 650 BIF de l’année. Un cahier de 36 heures s’obtient à 1000 BIF contre 550 BIF de l’année 2021 et, pour celui de 24 feuilles, le prix est fixé à 900 BIF contre 500 BIF du mois d’août 2021.
Le prix du cahier grand format est passé de 8000 BIF à 10.000 BIF tandis qu’une lame de papier de format A4 s’achète à 22.000BIF contre 16.000 BIF de l’année passée.
Elle a indiqué qu’elle vient de passer trois jours sans vendre aucun cahier. Elle pense que les salariés n’ont pas encore touchés leurs salaires. Et d’ajouter la pauvreté qui règne dans les ménages sont aussi à l’origine du manque des clients .Elle espère que les clients vont venir bientôt. Elle parle qu’elle a enregistré un manque à gagner du loyer mensuel de 10.000 BIF versé à la mairie.
Le prix des uniformes est en hausse
Jean Marie Kwizera, vendeur des uniformes scolaires fait savoir que les prix des fournitures sont aussi à la hausse .Il explique cette augmentation du prix de l’uniforme par un accroissement de 2000 BIF par m de tissu chez les grossistes. Un mètre de tissu original de marque Kaki est passé de 10.000 BIF à 12.000 BIF. Pour les autres tissus, un mètre coûte 15000 BIF. Les prix des uniformes sont différents en tenant compte de la taille de l’enfant. L’uniforme de l’enfant de la première et de la deuxième année de l’école primaire se vend à 8000 BIF, celui de la troisième et quatrième année s’achète à 10.000 BIF, celui de la cinquième année et de la sixième année se vend à 12000 BIF. Il dit que les personnes qui y passent demandent simplement des prix et repartent. “Depuis que j’ai commencé, je n’ai pas eu une seule vente”, maugrée Kwizera.
Les acheteurs sont dans le viseur
Boniface Kabura, acheteur croisé au centre-ville en train de demander les prix aux vendeurs, dit qu’il ne sait pas à quel saint se vouer. Ce père de cinq enfants ne voit pas comment envoyer ses enfants à l’école au mois de septembre prochain. Il indique que, pour ses enfants, il achète des fournitures scolaires de 150.000 BIF chaque année. “Aujourd’hui je ne sais pas là où je trouverai 600.000 BIF pour les envoyer à l’école. J’ai pris la décision de contracter une dette auprès d’une banque commerciale, mais je ne sais pas s’elle va m’offrir cet argent”, ajoute ce parent.
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Rappelons que chaque année, le ministère du commerce, du transport, de l’industrie et du tourisme, en collaboration avec l’entreprise qui produit localement les cahiers fixe les prix. Cette année, il ne l’a pas encore fait. Les commerçants se fixent les prix comme ils veulent.