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Burundi : Le diabète gestationnel, une menace insidieuse pour la santé maternelle et néonatale

Le diabète gestationnel, connu également sous le nom de diabète de grossesse, constitue une réalité préoccupante au Burundi. Souvent méconnu des femmes enceintes, il représente pourtant un risque accru d’accouchement par césarienne et de mort fœtale in utero. Un dépistageprécoce et une prise en charge appropriée peuvent significativement diminuer ces risques.

Malheureusement, cette problématique continue de causer des victimes au Burundi. La diabétologue Dr Raïssa Kaneza, de la polyclinique Tereziya, met en garde contre cette menace croissante pour la santé des femmes enceintes.

Francine Ntakarutimana, mère de trois enfants, a pris conscience de son diabète gestationnel lors de ses examens prénataux. Pour sa deuxième grossesse, elle a enregistré une glycémie de 8, ce qui l’a conduite à entamer une insulinothérapie au Centre de Lutte contre le Diabète (CELUCODIA).

« Je suis diabétique depuis 11 ans. J’ai eu un diabète gestationnel lors de ma deuxième grossesse, et j’ai dû suivre un régime. Pour ma deuxième grossesse, j’étais sous insuline. J’ai accouché par césarienne. On m’a dit que la maladie avait disparu, mais deux ans plus tard, j’ai été diagnostiquée diabétique de type 2 », explique Mme Ntakarutimana.

Elle ajoute : « J’ai traversé trois mois difficiles, souffrant de fatigue, de perte de poids et d’infections vaginales à répétition. Je pensais que tout cela était dû à la fatigue liée à mon bébé. Les nuits étaient éprouvantes. Mon médecin me prescrivait des vitamines sans comprendre mon état. C’était pénible de se souvenir des dépenses quotidiennes pour les médicaments. »

Le diabète de grossesse, une réalité au Burundi

L’association entre diabète et grossesse est une problématique bien établie au Burundi. Qu’il s’agisse d’un diabète préexistant de type 1 ou de type 2, ou d’un diabète gestationnel, les risques pour la mère et l’enfant sont indéniables, surtout en cas de mauvais contrôle de la glycémie durant la grossesse.

Selon Dr Kaneza, cela peut entraîner une macrosomie, définie comme un poids de naissance supérieur à 4 kg, rendant l’accouchement plus difficile et augmentant le risque de complications comme la dystocie des épaules. Pour les futures mères, la pré-éclampsie, associant hypertension, œdèmes et prise de poids rapide, est un risque majeur.

« C’est regrettable que, malgré ces dangers, les femmes enceintes au Burundi minimisent encore les effets du diabète gestationnel sur leur santé et celle de leurs nouveau-nés », déplore Dr Kaneza.

Une étude rétrospective de cinq ans, réalisée par Sandra Bienvenue Nkeshimana et Déogratias Ntukamazina de l’Université du Burundi au Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge, a analysé 74 cas (entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2015). Parmi ces cas, 64,87 % des patients avaient un diabète pré-gestationnel (75 % de type 1, 25 % de type 2), et 35,13 % avaient découvert leur diabète durant la grossesse.

Lire : Diabète type 2: une maladie qui met à genoux l’économie familiale 

Les complications observées durant la grossesse incluaient : hydramnios (4,05 %), pré-éclampsie (2,70 %), fausse couche spontanée (26,77 %) et mort fœtale in utero (2,70 %). Plus de la moitié des patientes (55,41 %) avaient un diabète mal contrôlé à l’accouchement, avec une prévalence de prématurité de 22,22 %. La proportion de césariennes était élevée (55,41 %), principalement en raison de la macrosomie (34,15 %) et d’un diabète mal équilibré (24,39 %). Le pronostic maternel était globalement bon, avec des suites normales dans 95,95 % des cas, et 97,14 % des bébés nés de mères diabétiques ont bien évolué.

La prise en charge du diabète gestationnel

La gestion du diabète gestationnel repose sur l’auto-surveillance glycémique et des mesures hygiéno-diététiques. Le traitement comprend un suivi diététique, une activité physique régulière et, si nécessaire, l’insulinothérapie, précise l’endocrinologue Dr Kaneza.

Georges Nkurunziza, président de l’Association pour le Soutien des Personnes Diabétiques (ASPD), souligne l’importance de l’insuline dans le traitement du diabète gestationnel. Un traitement par insuline peut être requis si, environ 10 jours après l’instauration de mesures hygiéno-diététiques, la glycémie reste élevée.

En outre, Nkurunziza rappelle l’engagement de leur organisation à soutenir les malades, en fournissant des médicaments tels que Metformin (500 mg, 850 mg et 1000 mg), Daonil-Glibenclamide et de l’insuline semi-lente.

A lire : Le diabète, une maladie terrible mais évitable

Depuis 2005, le gouvernement du Burundi a instauré une politique de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Ainsi, les femmes enceintes devraient bénéficier de quatre consultations prénatales, à condition de ne pas rencontrer d’autres problèmes liés à la grossesse. Le diabète gestationnel est inclus dans la liste des maladies pour lesquelles les soins sont gratuits.

Freddy Bin Sengi

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