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Burundi: La population sévit de la malnutrition

Seulement 28,5 % des femmes en âge de procréer reçoivent un minimum acceptable d’alimentation diversifiée, selon le Programme National Intégré d’Alimentation et Nutrition (PRONIANUT). Malgré les efforts gouvernementaux, environ 50% d’enfants connaissent un retard dans la croissance suite à une mauvaise alimentation, ce qui rend incertain leur avenir.

La situation alimentaire au Burundi a mobilisé, par le leadership de la Première Dame, Angéline Ndayishimiye, des centaines de femmes qui ont des responsabilités sociales ou politiques dans le pays. Elles se sont réunies dans ce qu’elles appellent un Forum national de haut niveau des femmes leaders, en date du 10 au 13 octobre. Au cœur de ce forum, se trouvait une sensibilisation pour qu’elles s’investissent davantage pour une bonne santé nutritionnelle de la femme, de l’enfant et de l’adolescent par des actions durables et résilientes.

Dans sa présentation, Fidèle Nkezabahizi, directeur du PRONIANUT, a montré que les burundais en général et les femmes et enfants particulièrement, sévissent toujours de la malnutrition. Le taux national de stabilité alimentaire pour les femmes qui ont l’âge compris entre 15 et 49 ans oscille en dessous de 30%. Le niveau de malnutrition diffère suivant les provinces. La mairie de Bujumbura est, selon les données du PRONIANUT, la plus avancée en matière de nutrition, bien qu’elle n’atteigne pas la moyenne. Elle est à 40,1% au moment où la province de Ngozi, la plus touchée, est à un taux de 3,8%.

Les céréales, tubercules et plantains constituent la base d’alimentation pour 99% des burundais. Très peu sont ceux qui mangent des œufs, 1,1%. De ces femmes en âge de procréation, seulement 8,9% mangent des fruits, selon la présentation de Fidèle Nkezabahizi.

La santé mère-enfant devient incertaine

Les conséquences de cette mauvaise alimentation pour les femmes en âge de procréation se manifestent sur leur progéniture. Selon Eugénie Niaye de l’OMS- Burundi, une femme qui a une alimentation déséquilibrée prend le plus souvent une grossesse à risque. En cas de grossesse, elles rencontrent souvent des anémies et des fausses couches. Et quand elles accouchent, souvent ce sont des bébés sous-poids (n’ayant pas 2 500g).

En outre, l’enfant qui nait d’une femme mal nourrie connait pour la plupart des problèmes de croissance, dit Niaye. D’ailleurs, le taux de malnutrition aiguë est à 4,8 % chez les enfants de moins de 5 ans. Aussi, les enfants mal nourris fréquentent moins l’école et deviennent moins productifs à l’âge adulte, ajoute Nkezabahizi, qui croit que la bonne nutrition rassure un capital humain productif et un développement socio-économique durable.

Le  gouvernement fournit plusieurs efforts, en tentant la solution

Gouvernement du Burundi, fortement engagé pour renforcer la nutrition de la population burundaise, indique le directeur PRONIANUT. L’Etat accorde une supplémentation semestrielle en Vitamine A à tous les enfants de 6 à 59 mois et des déparasitages aux enfants de 12 à 59 mois, fait-il savoir.

De plus, les professionnels de la santé font des dépistages trimestriels de la malnutrition chez les enfants de 6-59 mois au niveau communautaire et au niveau des établissements sanitaires, signale Sylvie Nzeyimana, ministre de la santé publique et de lutte contre le Sida, pendant un panel-débat organisé le 11 octobre, au cours du forum national des femmes leaders.

A lire : Les prix des produits de première nécessité restent toujours accrochés très haut au Burundi

La ministre ajoute que la malnutrition aiguë modérée est prise en charge au niveau communautaire par les agents de santé communautaires et que la malnutrition aiguë est prise en charge au niveau de tous les hôpitaux nationaux. Semestriellement, les enfants dont l’âge compris entre 6 et 14 ans reçoivent des déparasitages en Albendazole, pour protéger leur santé contre des vers intestinaux, une des conséquences d’une alimentation déséquilibrée, renchérit la ministre.

De surcroît, pour juguler le problème d’abandons scolaires, qui est dû en grande majorité à la famine qui s’observe dans des familles, le ministre de l’éducation nationale et de la recherche scientifique, François Havyarimana, dit que le gouvernement a instauré un Programme National d’Alimentation Scolaire (PNAS) depuis 2008. En partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial et l’Office de la Première Dame pour le Développement au Burundi (OPDD-Burundi), le PNAS prend en charge plus de 650 000 enfants, répartis dans 849 écoles fondamentales bénéficiant d’un repas chaud à midi et du lait, signale-t-il.

En perspective: la nutrition dans toutes les politiques

Le forum a trouvé que le problème de la malnutrition n’est pas uniquement sanitaire et a recommandé qu’il y ait de la mobilisation des autres secteurs (protection sociale, alimentaire, hygiène et assainissement, éducation, …) à intégrer la nutrition dans leurs plans et priorités. Le directeur du PRONIANUT suggère qu’il y ait aussi de l’extension des services de dépistage et de prise en charge de la malnutrition dans les structures non publiques en fonction des besoins.

Au ministère chargé de l’agriculture et de l’élevage, les femmes leaders ont recommandé la promotion des bonnes techniques culturales pour améliorer la production au niveau des ménages; surtout en intégrant de la nouvelle technologie et en procédant à la modernisation de ce secteur. Cela pourra réduire la faim et la cherté des produits à grande valeur nutritive.

On peut réparer les ponts, les maisons, les salles de classes. Par contre, on ne peut jamais réparer le cerveau qui a été délabré suite à la malnutrition”, cite Fidèle Nkezabahizi. Le Burundi connaît la hausse exponentielle des prix des denrées alimentaires dont les céréales, depuis le deuxième semestre de l’an 2021. La population craint le pire pour l’année prochaine, suite au retard des pluies.

A lire aussi : République du Burundi : Analyse de l’insécurité alimentaire aiguë – avril – septembre 2022 (Publié le 3 juin 2022)

Eric Niyoyitungira

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