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Burundi: des enfants mendiants sillonnent toujours sur Bujumbura

Enfants mendiant de la ville de Bujumbura au Burundi
Malgré la volonté manifeste du gouvernement du Burundi de mettre fin à toutes sortes de mendicités, s’observent encore des enfants mendiants dans les rues de Bujumbura. La pauvreté et les désordres qui règnent dans les familles sont les causes poussant en grande partie les enfants dans les rues.

Le gouvernement du Burundi, à travers le ministère de la solidarité nationale, des affaires sociales, des droits de la personne humaine et du genre a sorti, le 21 juin, un communiqué mettant fin à toutes sortes de mendicités. Dans ce reportage du journal Le Journal. Africa sur les routes de la capitale économique du Burundi (Bujumbura), les enfants de rue expriment leurs ressentis face à la décision.

Il est 13 heures, mardi 26 juillet.  Sur le boulevard Buconyori, le dénommé Ndayizeye, un enfant d’au moins quatorze ans, originaire de la province Kayanza déclare: «je suis venu ici en fuyant ma marâtre après une année de la mort de ma mère. Elle me frappait sans raison et elle ne me donnait pas de la nourriture. Finalement ma décision était de la laisser en paix et puis, j’ai dû descendre vers Bujumbura. Ici je gagne une somme équivalente entre 500 et 2000 BIF par jour”.

Le dénommé Radjabu, âgé de douze ans et natif  de la zone Buterere au nord de la mairie de Bujumbura, pointe la famine comme cause.

«Depuis que mon père s’est séparé de ma mère, nous vivons misérablement. Maman vend les oranges. Elle quitte la maison à 6h et revient la nuit. Elle ne nous laisse rien à mettre sous la dent pendant toute la journée. Je préfère venir dans la rue pour au moins trouver quelque chose à manger. Si je n’avais pas faim, je ne serais pas ici en train de mendier. La vie est très difficile chez nous. Je ne peux plus aller à l’école à cause de la famine», déclare Radjabu.

A lire : CERDES-Burundi : quand l’écoute devient une clé du développement socioéconomique

Être en situation de la rue paraît comme une conséquence. Mais il y a une cause qui a fait que ces enfants quittent leurs familles et embrassent la rue. David Ninganza, conseiller technique et chargé de la protection de l’enfance dans la Solidarité de la Jeunesse chrétienne pour la Paix et l’enfance « SOJPAE », soulève l’idée qu’il y a des enfants qui sont dans la rue parce qu’ils sont orphelins de père et de mère qui, du coup manque d’assistance. “D’autres y sont suite à la spoliation de leurs biens. Il y en a d’autres qui viennent dans la rue parce que leurs familles sont démunies. Alors que d’autres ont commis des délits chez eux”, martèle Ninganza. 

Que faire pour radier la mendicité définitivement?

David Ninganza suggère que l’Etat cherche d’abord à savoir d’où vient l’enfant: province, commune et colline. Après cela, l’Etat doit créer des ateliers d’apprentissage et des emplois pour ces enfants. Et pour les enfants qui n’auront pas d’identification, la SOJPAE estime qu’il faut les mettre dans des familles ou centres d’accueil.

« Le chef collinaire, l’administrateur et le nyumba Kumi (chef de cellule) et leader religieux doivent aussi s’impliquer pour que ces enfants restent dans leurs familles de réintégration. Et s’il y a un enfant qui repart pour la rue, l’administration doit chercher à savoir pourquoi et qui en est responsable” souligne Ninganza, avant d’ajouter qu’Il faut aussi punir les parents délinquants et irresponsables.

Depuis 2018, les autorités burundaises cherchent toujours à se débarrasser des enfants en situation de la rue sans succès. L’usage de la force policière a échoué à plusieurs reprises.

A lire aussi : Bujumbura se débarrasse de ses mendiants et de ses enfants des rues

Ange Joella Munezero/stagiaire

 

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