Le président béninois souhaite le rapatriement des réserves de change du franc CFA qui se trouvent en France.
Si dans la forme l'annonce a l'air d'une petite révolution dans le club des présidents des pays utilisateurs du franc CFA, il semble visiblement que le projet de retour des réserves en lui-même est une volonté de la France. Lors d'un entretien accordé aux médias français, certains aspects des échanges entre Patrice Talon et les journalistes donnent plus de précision sur la nature de ce nouveau deal entre la France et l'UEMOA sur le franc CFA. A un moment donné le président béninois a interpellé le journaliste lui demandant de bien dire que c'est un projet des autorités françaises. Ce que notre confrère a fait. Mais à la suite de cela, M. Talon s'est voulu plus nuancé, en précisant qu'il s'agit d'une initiative des Chef d'Etat [de l'espace UEMOA] acceptée par la France. Ces propos sur le rôle de la France ont visiblement provoqué plus tard la réaction de Bruno le Maire, ministre Français de l'Economie et des Finances, qui a démenti en disant que son pays n'a rien imposé. "Ce n'est pas à la France de faire des propositions ou d'imposer quoi que ce soit", a encore affirmé le ministre, ajoutant que "si une majorité d'Etats-membres de la zone franc veulent avancer vers une réforme ambitieuse, nous répondrons oui". Ce débat entre utilisateurs du franc CFA et "gardien" des réserves de change a laissé finalement entrevoir que la sortie de Patrice Talon n'était en rien une volonté des pays de l'UEMOA de réclamer une réelle indépendance économique et monétaire vis-à-vis de la France. C'est cette implication de la France dans la gestion du franc CFA qui est au cœur de la colère et des critiques de nombreux analystes et économistes africains qui l'assimilent à du paternalisme.