Site icon LE JOURNAL.AFRICA

« Je ne voulais pas mourir » : Pourquoi les Russes utilisent-elles du maquillage sanglant pour lutter contre la violence domestique ?

Des milliers de Russes ont appelé, à travers les réseaux sociaux, le gouvernement à déposer et à faire adopter un projet de loi sur la violence domestique dès que possible.

Les militantes des droits humains Alena Popova et Alexandra Mitroshina ont lancé la campagne en exhortant les utilisateurs des réseaux sociaux à afficher des images d’eux-mêmes avec le hashtag #янехотелаумирать (je ne voulais pas mourir) et à signer une pétition.

De nombreux participants utilisant le hashtag ont suivi l’appel des deux femmes en partageant des images d’eux-mêmes maquillés en sang, avec des coupures et des traces de violence.

Lire aussi:

Soutien populaire à Fatu Jallow, la ‘victime’ de Jammeh

Il reçoit la prestigieuse récompense pour sa lutte contre les violences faites aux femmes.

Le débat fait rage depuis quelques temps sur les attitudes à l’égard de la maltraitance et de la violence domestique en Russie, qui sont de plus en plus répandues.

Alexandra Mitroshina a eu l’idée de la campagne et a organisé les premières séances photos. Son image sur Instagram a eu plus de 420.000 « Likes » et est parmi les plus largement partagées.

Dans sa publication, elle met en lumière l’histoire d’Olga Sadykova, qui aurait été tuée par son mari le 8 juillet dans le village de Kumysnoye. L’agression a eu lieu devant son fils de huit ans, selon sa famille.

Mme Sadykova avait précédemment dénoncé son mari à la police, a déclaré le ministère de l’Intérieur de la Fédération de Russie.

Et, en juin, des agents avaient commencé à enquêter sur lui pour suspicion de lésions corporelles graves et menaces de mort.

« Oksana aurait été en vie si nous avions eu une loi sur la violence domestique « , a déclaré Mme Mitroshina.

Lire aussi:

En Ethiopie, les femmes brisent le plafond de verre

Elle estime alors que « la Russie a besoin d’un projet de loi fédéral sur la prévention de la violence domestique et l’aide à ceux qui en ont souffert.

« Il y a une chance qu’il soit examiné cet automne. Pour que cela se produise, nous avons besoin d’un maximum de protestations publiques », dit-elle

Le système existant ne suffit pas

Son poste a été partagé par la législatrice Oxana Pushkina, qui travaille actuellement sur un projet de loi contre la violence domestique.

Elle a déclaré au service anglais de la chaîne de télévision russe RT que « la loi sur la prévention de la violence domestique est nécessaire pour que le nombre de ces crimes soit aussi faible que possible ».

« Le système actuel de mesures et de lois ne suffit pas à protéger la victime du fauteur de troubles », a -t-elle constaté.

La Bloggeuse Oksana Kravtsova explique à ses abonnés qu' »en Russie, une femme sur trois est battue par son mari ou son partenaire. Toutes les 45 minutes, une femme est tuée – à la maison » – des chiffres effrayants.

« Quelqu’un peut critiquer et dire les blogueuses ont peint des bleus et font de l’hyperactivité. Mais ce battage médiatique est vraiment nécessaire », se défend -t-elle.

Elle soutient que « c’est parce que l’opinion publique devrait être changée en premier lieu.

Lire aussi:

Comment les tâches domestiques ont transformé un homme violent

 »Pas de sexe sans combat » – s’attaquer au machisme en RDC

Elle suggère que les organisateurs de la campagne luttent pour l’adoption de la loi sur la violence domestique, mais « tant que la société pensera que la violence est acceptable, aucune loi ne fonctionnera ».

L’activiste espère qu’après ces images de « blogueuses battues, au moins quelqu’un pensera que la violence physique, morale ou sexuelle dans la famille n’est pas une norme, qu’une famille est faite de sécurité et d’amour « .

Un mouvement puissant

Le mois dernier, le hashtag #NotHerFault (#саманевиновата en russe) a beaucoup mobilisé sur les médias sociaux russes alors que les femmes l’utilisaient pour attirer l’attention sur ce qu’elles considéraient comme le piètre bilan du pays dans la lutte contre la violence et les agressions sexuelles faites aux femmes.

Toutefois, Mme Popova a déclaré qu’elle doutait initialement que l’Instagram soit un forum approprié pour créer un « mouvement puissant » ayant le pouvoir de protéger les droits des victimes de la violence.

« Quand les femmes se serrent les coudes, c’est un grand pouvoir », conclut-elle.

Quitter la version mobile