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Ange Dibenesha : sa mort après un contrôle routier enflamme la toile

Une patrouille de police à Lille en 2018. Copyright de l’image Getty Images
Image caption Une patrouille de police à Lille en 2018

La mort d’un jeune homme noir après son arrestation par la police dans la région parisienne a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux.

Ange Dibenesha, 31 ans, a été arrêté mercredi soir dans la capitale française après un contrôle routier.

Ses proches disent qu’ils n’ont eu aucune nouvelle de lui pendant plus de 24 heures avant de recevoir vendredi un appel téléphonique de l’hôpital. C’est ainsi qu’ils ont été informés de l’état de mort cérébrale d’Ange Dibenesha.

Une autopsie révèle qu’il est mort d’une insuffisance cardiaque. Selon la police,  »il a ingéré une substance non-identifiée » lors de son arrestation.

La nouvelle du décès de M. Dibenesha, officiellement annoncée dimanche, a été accueillie avec colère sur les réseaux sociaux. Beaucoup ont demandé des explications en utilisant le hashtag #JusticePourAnge.

Et un rapprochement avec la mort de jeunes Noirs en garde à vue aux États-Unis – moteur du mouvement Black Lives Matter – ne s’est pas fait attendre.

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Qu’est-il arrivé à Ange Dibenesha ?

Mercredi à 1 h 50 – heure locale -, la police l’arrête au volant d’une BMW. Les policiers découvrent qu’il conduit sans permis de conduire valide et qu’il est positif au test d’alcoolémie.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que la police attend un véhicule pour emmener le jeune homme en garde à vue, il « ingère une substance non identifiée », selon un communiqué de la préfecture de police.

Il est rapidement pris de convulsions et est emmené d’urgence à l’hôpital.

Lundi, les résultats de l’autopsie d’Ange Dibenesha révèlent qu’il était mort d’une insuffisance cardiaque, peut-être à cause d’une substance toxique.

Dans le communiqué de presse – qui ne cite pas nommément le jeune homme – la police a déclaré que celui-ci avait ingéré une substance inconnue pendant l’interpellation.

Plusieurs médias français ont précisé qu’il s’agissait d’une substance stupéfiante, citant des sources policières ou judiciaires. Mais aucune annonce officielle n’a confirmé ces dires. Les résultats des tests sont en cours.

Sa famille n’a été informée que vendredi, alors qu’Ange Dibenesha était déjà en état de mort cérébrale, et les médecins prévoyaient de le débrancher.

Les réactions ?

L’indignation sur les réseaux sociaux a débuté après la publication d’une vidéo de la mère expliquant la situation et le manque d’informations sur l’arrestation de son fils.

Une tempête s’est déclenchée en ligne, les internautes soupçonnant des violences policières et un contrôle au faciès.

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Des personnalité politiques ont même fait part de leurs préoccupations. Benoît Hamon, l’ancien ministre de l’Éducation, a écrit sur Twitter : « Quand un jeune homme fait l’objet d’un contrôle de police, est placé en garde à vue et est rendu à sa famille 48 heures plus tard en état de mort cérébrale, les siens et la société ont le devoir de demander la lumière sur les faits et l’État a le devoir d’y répondre ».

Copyright de l’image Capture d’écran du Twitter de Benoît Hamon

Image caption Tweet de Benoît Hamon

Alors que la controverse est toujours vive, la mère d’Ange Dibenesha publie un autre message vidéo, dans lequel elle remercie les soutiens sur les réseaux sociaux, mais leur demande de ne pas diffuser de fausses informations sur la mort de son fils.

Selon le site Franceinfo, la famille n’a pas été prévenue plus tôt car « plusieurs identités » utilisées par Ange Dibenesha ont rendu difficile le travail des policiers.

Sa voiture contenait « des documents portant plusieurs noms, ce qui a compliqué la tâche des policiers », le média français citant une source judiciaire.

Malgré les déclarations de la police, les inquiétudes ne se sont pas dissipées d’un cran.

En France, la police a fait l’objet d’une vague de critiques ces dernières années.

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Le cas d’Adama Traoré, 24 ans, mort asphyxié lors de son arrestation en 2016, avait suscité la colère de la famille, relançant le débat sur les violences policières. Le 12 mars dernier, les juges avaient décidé de clore l’information judiciaire sans mettre en cause les gendarmes concernés.

Début 2017, c’est le viol présumé d’un jeune homme noir qui a entraîné des affrontements avec la police.

Au cours des derniers mois, le mouvement des  »gilets jaunes » a remis sur le devant de la scène les soupçons de violences policières.

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