Les matchs de football féminin ont traditionnellement été marqués par moins de fautes, de cartons et d’actes d’indiscipline que les rencontres entre équipes masculines.
Les États-Unis ont battu la Thaïlande mardi, sur un score de 13-0, le plus gros score l’histoire de la Coupe du monde féminine de football.
Cependant, aucune des Thaïlandaises n’a montré un signe de frustration. Ce match fait partie de ceux où il y a eu moins de fautes, soit cinq fautes commises par chaque équipe.
Ce serait un scénario très improbable dans le football masculin où la rugosité semble être beaucoup plus importante.
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L’aspect physique
Lors de la Coupe du monde 2018, l’Allemagne a eu l’équipe la plus « sympa » de la compétition Elle a commis 29 fautes contre ses adversaires en trois matchs.
La Coupe du monde féminine est également marquée par moins de cartons jaunes et rouges, ce qui ne semble pas s’expliquer par le fait qu’elle a moins de participants (24 pays) que le Mondial masculin (32 pays).
Lors de l’édition 2015 de la Coupe du monde dames, 115 cartons – jaunes et deux rouges – ont été dénombrés, soit une moyenne de 2,2 avertissements et 0,1 expulsion par match. Cela suggère non seulement des parties moins rudes, mais aussi un niveau de discipline plus élevé chez les femmes à l’égard des arbitres.
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Lors du Mondial masculin 2018 en Russie, les joueurs ont reçu 219 cartons jaunes – soit une moyenne de 3,42 par match – et quatre cartons rouges.
Lors des matchs de groupes, le nombre de fautes commises était de 27 par match.
Ce qui semble faire la différence, c’est la fréquence avec laquelle les hommes et les femmes tombent au contact des adversaires.
Selon une étude réalisée en 2011 par l’Université de Wake Forest (États-Unis), les hommes semblaient être deux fois plus enclins que les femmes à simuler des blessures lors des contacts avec l’adversaire.
En ce qui concerne les blessures réelles – celles à cause desquelles les joueurs saignaient visiblement ou étaient remplacés en moins de cinq minutes -, les chercheurs de Wake Forest constatent qu’elles représentaient moins de 8 % des incidents chez les hommes, contre près de 14 % chez les femmes.
Selon l’étude dirigée par le docteur Daryl Rosembaum, ces résultats pouvaient s’expliquer par une série de facteurs.
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« Les hommes sont plus grands et plus rapides, et les collisions sont plus probables, à telle enseigne qu’il peut y avoir plus de blessures douloureuses au début, comme les contusions, qui ne nécessitent pas qu’un joueur se retire de la partie », expliquent les chercheurs de l’Université de Wake Forest.
« En même temps, des contacts plus fréquents pourraient signifier qu’il y a plus d’opportunités pour tenter d’influencer l’arbitre par la ruse », ajoutent-ils.
Les résultats suggèrent également que les footballeuses ne sont pas totalement réticentes à s’adonner à la ruse pour influencer les arbitres.
Les faits le prouvent également : dans un quart de finale entre l’Allemagne et la France, lors de la Coupe du monde féminine 2015, la Française Claire Lavogez s’est jetée dans la surface de réparation, dans les dernières minutes d’un match nul.
Le plongeon a été si mal exécuté que l’arbitre s’est contenté de ne pas s’en soucier, refusant d’avertir une footballeuse du camp adverse.
Et Lavogez a ainsi raté le penalty qui sera déterminant dans la victoire des Allemands aux tirs au but.
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« Je pense que les femmes n’aiment pas ce côté du jeu », déclare Julie Foudy, ancienne capitaine américaine et aujourd’hui consultante de la télévision ESPN.
« Mais mon côté cynique me dit qu’au fur et à mesure que les femmes deviendront plus sophistiquées et regarderont le jeu se développer et les enjeux s’accroître, elles vont recourir à ce jeu de ruse », ajoute Foudy.