La chaîne suédoise de magasins de prêt-à-porter H&M s’engage à faire en sorte que ses employés en Éthiopie soient rémunérés au même niveau que ceux des autres pays où elle possède des usines. Mais pour Nayla Ajaltouni, la coordinatrice du Collectif Éthique sur l’étiquette, l’inexistence d’un salaire minimum légal dans le pays est un avantage pour les multinationales du textile.
La société de mode a fait cette promesse après la publication d’un rapport selon lequel les ouvriers travaillant dans ses ateliers de confection en Éthiopie sont payés beaucoup moins que ceux d’autres pays où elle est présente.
Selon le rapport rédigé par des chercheurs du « New York University Stern Center for Business and Human Rights », les employés éthiopiens de la société suédoise perçoivent en moyenne 26 dollars (13 861 francs CFA) par mois, ce qui les empêche d’accéder à des « logements, de la nourriture ou des transports décents ».
H&M fait partie, avec Calvin Klein et Tommy Hilfiger, des entreprises de prêt-à-porter qui se sont déployées sur le marché éthiopien.
La société, qui dispose de neuf succursales en Éthiopie, a déclaré à la BBC avoir déjà mis en place une politique visant à assurer des « salaires équitables » à ses employés dans ce pays.
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« Depuis que nous avons commencé à nous approvisionner en Éthiopie en 2013, environ 18 000 emplois ont été créés. Cependant, en tant qu’entreprise, nous devons veiller à ce que la croissance créée soit durable et contribue à un développement positif », a déclaré Ulrika Isaksson, porte-parole de H&M.
« C’est pourquoi nous avons notre propre bureau de production à Addis-Abeba, ce qui nous permet d’avoir un dialogue direct avec le gouvernement éthiopien, tout en rendant possible les partenariats », a ajouté Mme Isaksson.
Pour Nayla Ajaltouni, la coordinatrice du Collectif Éthique sur l’étiquette – une fédération d’associations de solidarité internationale, de syndicats et de mouvements de consommateurs -, estime que les conclusions du rapport du « New York University Stern Center for Business and Human Rights » confirment que l’Éthiopie est en train de devenir, après le Bangladesh, « la nouvelle usine textile du monde ».
« Les droits des travailleurs éthiopiens sont bafoués », a-t-elle confié à BBC Afrique, soulignant que l’inexistence d’un salaire minimum légal en Éthiopie est un avantage pour les multinationales du textile comme H&M.
« L’Éthiopie n’est pas le seul pays à brader sa main-d’œuvre. Pour satisfaire la demande des multinationales du textile, on engage des pays dans des modèles de développement défavorables pour eux », a dénoncé Mme Ajaltouni.
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L’Éthiopie est l’une des économies à la croissance la plus rapide au monde, mais le taux de chômage reste élevé dans le pays.
Les travailleurs éthiopiens perçoivent en moyenne des salaires bien inférieurs à ceux des pays voisins comme le Kenya et le Soudan.
La coordinatrice du Collectif Éthique sur l’étiquette ne croit pas à la promesse d’H&M qui, dit-elle, « fait pression sur les salaires des travailleurs, avec un modèle économique qui tend vers le moins disant social ».
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L’Éthiopie doit adopter et mettre en œuvre une « règlementation contraignante » pour les multinationales, y compris celles du textile, comme l’a fait la France en 2017, selon Nayla Ajaltouni.
»Les Nations unies aussi ont un rôle à jouer pour améliorer les conditions des travailleurs des multinationales », dit-elle. »L’ONU peut aider les travailleurs à obtenir un travail décent en s’appuyant par exemple sur le traité européen de 2014 visant à responsabiliser les multinationales » suggère Mme Ajaltouni.
Le groupe de magasins de vêtements américain Gap a déclaré à la BBC avoir été inclus « par erreur » dans le rapport, car il « ne s’approvisionne actuellement pas » sur le marché éthiopien.