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Coup d’État contre Omar el-Béchir : comment le Soudan en est arrivé là

Sudanese people celebrate as they head towards the Army headquarters amid rumors that President Omar al-Bashir has stepped down, in Khartoum, Sudan, 11 April 2019 Copyright de l’image EPA
Image caption La joie se saisit des manifestants à la suite de la destitution et de l’arrestation annoncées d’Omar el-Béchir, ce 11 avril.

Omar el-Béchir a été écarté du pouvoir et arrêté après quatre mois de manifestations antigouvernementales, a annoncé l’armée. Il a dirigé le pays d’une main de fer pendant trois décennies.

Voici cinq dates importantes de l’histoire du Soudan qui expliquent ce qui a conduit au renversement du président Omar el-Béchir.

30 juin 1989 : le général Omar el-Béchir arrive au pouvoir

Il est alors accusé de crimes de guerre en lien avec la crise au Darfour. elle a éclaté en 2003 lorsque les rebelles de cette vaste région de l’ouest du pays ont pris les armes pour mettre fin à une discrimination dont ils disent être victimes.

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Des centaines de milliers de personnes ont été tuées au Darfour, ce qui emmène la Cour pénale internationale (CPI) à inculper M. el-Béchir de crimes contre l’humanité et de génocide. Mais l’enquête menée par la CPI a finalement été suspendue, faute de soutien des Nations unies.

Le président soudanais a dirigé le pays pendant 20 ans avant d’organiser la première élection présidentielle en 2010, un scrutin dont il sort vainqueur.

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Image caption Omar el-Béchir, le 1er avril 2019

9 juillet 2011 : le Soudan du Sud devient indépendant

En 2011, à la suite d’un référendum, le Soudan du Sud obtient l’indépendance vis-à-vis du Soudan. Le référendum faisait partie d’un accord de paix conclu entre el-Béchir et les rebelles du sud.

Mais la scission du pays a eu des répercussions financières importantes sur le fonctionnement de l’État soudanais, car le sud, nouvellement indépendant, concentre 75 % des ressources pétrolières du pays.

L’économie soudanaise, déjà mise à rude épreuve par plus d’une décennie de sanctions américaines, en est durement affectée.

Le gouvernement de Khartoum impose ensuite des mesures d’austérité au peuple soudanais et réduit les subventions en raison de la baisse des recettes pétrolières. Cette mesure engendre des vagues de protestations qui vont prendre de l’ampleur lorsque les prix des produits de base vont augmenter plus tard.

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Image caption Lors du référendum de 2011, les Sud-Soudanais ont voté à 99 % en faveur du oui « oui » à l’indépendance.

Le gouvernement réagit aux protestations en dispersant les manifestants, en arrêtant des leaders de l’opposition et en censurant les médias indépendants.

En 2015, soit quatre ans après la scission du pays en deux États, M. el-Béchir est réélu au terme d’un scrutin présidentiel boycotté par l’opposition.

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19 décembre 2018 : des manifestations contre l’austérité

Fin 2017, les États-Unis lèvent certaines sanctions prises contre le Soudan. Toutefois, l’économie du pays continue de se détériorer. En novembre 2018, l’inflation atteint presque 70 %.

Alors que la livre soudanaise s’effondre. Le gouvernement impose des mesures d’austérité et réduit les subventions étatiques sur le carburant et le pain.

Ces mesures déclenchent des vagues de protestations massives dans tout le pays, en décembre 2018. Les manifestants protestent d’abord contre la hausse des prix des certaines denrées alimentaires, du pain notamment. Ils exigent ensuite la démission d’Omar el-Béchir.

Plus de 1 000 manifestants auraient été arrêtés par les forces gouvernementales.

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Image caption Les manifestants dénonçaient la cherté de certaines denrées alimentaires, dont le pain.

22 février 2019 : l’état d’urgence est décrété

En février, la NISS, l’agence chargée de la sécurité nationale et des renseignements, tente de calmer les manifestants en annonçant que le chef de l’État va démissionner.

Mais Le président réagit aux manifestations par une mesure instaurant l’état d’urgence dans tout le territoire soudanais.

Il limoge le gouvernement fédéral et remplace tous les gouverneurs par des membres des forces de sécurité.

Omar el-Béchir tente en même temps de calmer les manifestants en promettant de se retirer de la présidence du pays à la fin de son mandat en avril 2020 et de ne pas se présenter à l’élection présidentielle.

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Mais ces mesures ne semblaient pas suffisantes pour calmer les manifestants, qui rappellent que le chef de l’État a, par le passé, promis de se retirer du pouvoir, sans tenir parole.

6 avril 2019 : les manifestants se rapprochent du quartier général de l’armée à Khartoum

Pour la première fois, des milliers de manifestants puissent accéder à la devanture de l’état-major de l’armée, qui se trouve près du palais présidentiel.

Des milliers de Soudanais campent à l’extérieur du siège de l’armée tout au long de la semaine, de jour comme de nuit.

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L’icône des manifestations au Soudan

Et au moment où une partie des forces de sécurité fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants et procède à des arrestations, la police, elle, ordonne à ses agents de ne pas « intervenir contre les citoyens » et de ne pas disperser « les manifestations pacifiques ». Elle déclare qu’elle soutient la « transition pacifique du pouvoir ».

Selon les analystes politiques, l’armée et les autres corps de sécurité étaient divisés sur la manière de gérer les manifestants. Les officiers de l’armée voulaient éviter la violence, tandis que certains groupes paramilitaires étaient prêts à recourir à la force publique.

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Image caption Des soldats sont intervenus pour protéger les manifestants.

Sur le terrain, des unités de l’armée sont intervenues pour protéger les manifestants contre certains agents de sécurité.

Ce 11 avril, les militaires annoncent que le président Omar el-Béchir est arrêté et destitué de la présidence du pays.

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