Par Peter Rubinstein et Bryan Lufkin, BBC
Avec une vie professionnelle bien remplie, trouver le temps pour apprendre une nouvelle langue peut être un défi en soi. Mais les experts disent qu’il est possible de faire des progrès significatifs en seulement une heure par jour.
Le Foreign Service Institute (FSI) des États-Unis divise les langues en quatre niveaux de difficulté pour les anglophones de langue maternelle. Le groupe 1, le plus facile, comprend des langues comme le danois, le français, l’italien, le roumain, l’espagnol et le suédois. D’après les recherches du FSI, il faut environ 600 à 750 heures d’apprentissage pour atteindre un niveau de base dans toutes les langues du groupe 1.
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Il faut 900 heures pour atteindre le même niveau de maîtrise pour les langues du groupe 2, comme l’allemand, le malais, le swahili, le créole haïtien et l’indonésien. On monte d’un cran dans la difficulté avec le bengali, le tchèque, l’hébreu, le polonais et le tagalog, ce qui place ces langues dans le groupe 3. Le groupe 4 comprend certaines des langues les plus difficiles à comprendre pour les anglophones : l’arabe, le chinois, le japonais et le coréen.
Une heure par jour peut faire la différence
Avant d’aller trop loin, cependant, il est important de considérer exactement comment vous prévoyez d’utiliser la nouvelle langue à l’avenir. Une fois que vos intentions sont bien claires, vous pouvez commencer à planifier un horaire de pratique quotidienne, avec un mix de plusieurs méthodes d’apprentissage.
Une heure par jour et cinq jours par semaine seront plus bénéfiques qu’une session marathon de cinq heures une fois par semaine. Selon l’indice FSI, il faudrait 150 semaines à ce rythme pour atteindre la maîtrise de base d’une langue du groupe 1, soit un peu moins de trois ans.
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Le polyglotte Timothy Doner recommande de lire des livres et de regarder des vidéos sur des sujets qui vous intéressent déjà. « Si vous aimez cuisiner, achetez un livre de recettes dans une langue étrangère ; si vous aimez le football, essayez de regarder un match commenté dans une autre langue », conseille-t-il. »Même si vous n’assimilez que quelques mots par jour – et que le reste continue à ressembler à du charabia – ils seront plus faciles à retenir par la suite », ajoute-t-il.
Un conseil revient toujours chez tous les polyglottes ou experts : consacrez au moins une demi-heure à vous éloigner des livres et des vidéos pour vous entraîner en face à face avec quelqu’un dont c’est la langue maternelle.
Des superpouvoirs sur le lieu de travail et au-delà
Les recherches montrent qu’il existe une corrélation directe entre le bilinguisme et l’intelligence, le développement de la mémoire et de meilleurs résultats scolaires. Comme le cerveau traite plus efficacement l’information, il est même capable de prévenir le déclin cognitif lié à l’âge.
Les experts affirment qu’il vaut la peine d’apprendre une seconde langue uniquement pour les avantages cognitifs. Ce faisant, nous développons naturellement les fonctions d’exécution du cerveau, « la capacité, à un haut niveau, de manipuler et d’utiliser l’information de manière flexible, de retenir l’information et d’oublier les informations non pertinentes », explique Julie Fiez, professeur au département des neurosciences de l’Université de Pittsburgh.
« C’est ce qu’on appelle les fonctions d’exécution parce qu’elles sont considérées comme les compétences d’un PDG : gérer un groupe de personnes, jongler avec beaucoup d’informations, faire plusieurs tâches à la fois, établir des priorités », ajoute-t-elle.
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« L’apprentissage d’une seconde langue peut répondre à un besoin immédiat, mais il vous aidera aussi à devenir une personne plus compréhensive et empathique en vous ouvrant les portes d’une façon différente de penser et de ressentir les choses », dit Lisa Meneghetti, une hyperpolyglotte, qui parle couramment six langues – l’anglais, le français, le suédois, l’espagnol, le russe et le russe.
Communiquer et faire preuve d’empathie au-delà des barrières linguistiques peut vous conférer une compétence très demandée dans le monde du travail appelée « compétence interculturelle » – soit la capacité d’établir des relations harmonieuses avec une variété de personnes d’autres cultures. »Apprendre une langue, n’importe quelle langue dans n’importe quelle culture, vous aide à développer cette capacité d’adaptation et cette flexibilité face à d’autres cultures… » affirme Beverly Baker, professeure de langues et de bilinguisme à l’Université d’Ottawa.
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