LE JOURNAL.AFRICA

Kigingi : « Pourquoi je ne joue pas (encore) dans d’autres langues »

Cela ne fait aucun doute, Kigingi est l’un des humoristes les plus aimés du Burundi – si ce n’est le plus aimé. Si la notoriété de l’artiste n’est plus à prouver, certaines personnes lui reprochent de n’être cantonné qu’à une seule langue pour ses spectacles. Jouer dans la seule et l’unique langue burundaise serait, pour certains, une limite. Un plafond de verre que l’artiste ne réussit pas à briser. Questionné sur la question Kigingi donne ses raisons.

D’ores et déjà, jouer dans une autre langue que le Kirundi n’est pas exclu pour Kigingi. Pour l’artiste, cela est même un objectif. Néanmoins pour jouer dans une langue, il faut en maitriser les codes humoristiques et plus encore trouver la correspondance parfaite entre le Kirundi et cette langue pour produire un effet auprès du public. Kigingi nous explique.

« La culture burundaise est assez particulière. Elle ne peut pas ressembler à d’autres cultures (française, kenyane etc.). Il y a des mots et des expressions que nous utilisons, des expressions utilisées par nos parents, que nous avons connues dans notre enfance qui sont assez particulière. Je ne suis pas le genre d’humoriste qui essaye de mimer d’autres humoristes comme Gad Elmaleh qui réussit à jouer en anglais aux USA. Cela viendra peut-être un jour. Mais comment raconter en français ou dans une autre langue la réaction de ma mère me punissant parce que je suis allé me baigner à la rivière Ntahangwa ? Et même si je le raconte en français, cela n’aura pas le même effet. C’est vraiment un exercice difficile».

Bien plus encore, Kigingi avoue ne pas avoir ce don naturel qu’auraient d’autres humoristes pour transposer des expressions en d’autres langues. « Il y a des gens qui ont ce don naturel de passer d’une langue à une autre. Des gens comme Michael Sengazi qui a réussi à faire un spectacle sur son enfance qui reste marrant même en français. Je n’ai pas encore cette capacité-là », confie l’artiste.

Un avis qui s’explique d’autant plus que le but principal d’un artiste est celui de faire rire son public.

Néanmoins, Kigingi n’exclut pas le fait de pouvoir un jour, jouer dans une autre langue. A condition de trouver les tournures parfaites pour faire le public en français avec les mêmes blagues qu’il fait en kirundi.

« Je ne dis pas que je ne m’y intéresse pas ou que cela n’est pas possible. Si un jour j’ai l’occasion de sortir du pays et de me retrouver dans un milieu où je peux apprendre, recevoir une formation pour savoir comment transposer les codes culturels et les expressions propre à ma culture dans une autre langue, je pourrai me prêter à l’exercice », nous dit-il.

Rappelons que l’artiste, de son propre témoignage, a déjà été confronté à la contrainte de jouer dans une autre langue. Une situation qui le pousse à étudier la question et travailler pour réussir à diversifier son panel de langue. Mais il le dit lui-même : « Lorsque je trouverai la formule parfaite pour reproduire les interjections de nos parents en français, alors je me lancerais vraiment. Pour l’instant, je ferai mes spectacles en Kirundi. »

 

Moïse MAZYAMBO

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