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« Pourquoi les rappeurs burundais ne deviennent pas de grandes stars ? », les rappeurs y répondent

« Pourquoi les rappeurs burundais ne deviennent pas de grandes stars ? », les rappeurs y répondent ©Akeza.net

Cela se dit très souvent, « le Burundi regorge de talents ». Dans la musique, cette assertion s’affirme depuis des décennies. Les rappeurs et chanteurs burundais ont prouvé qu’ils étaient capables de prouesses. Cependant lorsqu’il s’agit de célébrité, les rappeurs se retrouvent un peu à la traine. C’est un secret de polichinelle, les rappeurs burundais ont du mal à s’affirmer comme des stars d’envergure sur la scène nationale. Etonnant quand on connait le talent de certains d’entre eux qui mériteraient une vraie place au sommet. Mais alors pourquoi ils ne percent pas ? Qu’est-ce qui les freine ? Est-ce de leur faute ou non ? Des rappeurs nous répondent.

 

Une mauvaise image du rap

Lorsque l’on pose la question suivante aux rappeurs burundais : « Pourquoi les rappeurs ne deviennent pas de grandes stars ? », l’image du rappeur est souvent pointée du doigt. En effet, ce que le grand public pense du rap n’est pas toujours reluisant. « Au Burundi, le rap garde l’image d’une musique de voyous et de drogués. De personnes qui n’ont aucun respect des règles de la société. Cette image est très ancrée dans la société. Pourtant en y regardant de près, une grande partie des voyous ne sortent pas du monde du rap. Bien au contraire, ils font ces styles de musique aimés du grand public. Ce qui est triste. Il faut rappeler que le rap, contrairement à ce que les gens pensent, est une musique éducative. Une musique qui est sensée porter un message positif au public », nous confie B-Face.

Même constat pour Alvin Smith qui affirme que le rap est rejeté des parents mais également des institutions. Difficile de s’en sortir lorsque la société dans laquelle vivent les artistes les a en horreur.

Big Zoé, pour sa part, nuance les choses en parlant de « méconnaissance » de ce qu’est le rap par le grand public et même par les artistes. «  La culture rap n’est pas vraiment connu des rappeurs et du public. Le langage de la chanson est plus facilement compris par le public que celui du rap », dit-il. Cette méconnaissance du rap, de son langage et de ses codes serait donc, selon les rappeurs, la raison de non succès. Cela ajouté à la mauvaise image qu’elle trimbale depuis toujours.

Mais plus encore, le rap a la réputation de ne pas être une musique dansante. En effet, le public désire une musique qui leur fait danser, qui les ambiances. Même si le concept de musique dansante reste très relatif d’après Fabelove.

« L’un des grands problèmes du rap c’est que le public est devenu friand de musique dite pour faire danser, celle qui devrait mettre de l’ambiance et vu que le rap n’a pas la réputation de faire danser. Ce qui est assez relatif vu que le fait de danser n’est fonction de la musique mais de celui qui l’écoute. Une personne peut danser sur du reggae là où un autre pensera que le reggae n’est pas dansant. C’est donc très relatif », dit-il.

Ce qui a pour conséquence de faire virer certains artistes du rap à l’afrobeat, puisque c’est la sensation du moment. C’est le cas d’artistes tels que Big Fizzo, Sat-B ou encore Aubin Lux qui sont passé du rap à la chanson.

 

Difficulté dans la promotion du rap

Un style méconnu ou portant une image négative aura beaucoup de mal à trouver des moyens de diffusion et de promotion suffisant pour se faire connaitre. Une réalité pour les rappeurs qui pointent du doigt les promoteurs et autres médias de ne pas leur offrir l’espace suffisant pour s’exprimer. « La plus part des promoteurs ne connaissent rien du rap. Certains même ne connaissent rien en musique. Donc il est difficile de vraiment  avoir une place dans les médias ou dans les concerts », fait savoir Fabelove. Pour qui la situation ne permet pas de vraiment devenir grand.

Et Big Zoé de renchérir : « le rap a eu son époque de gloire. A ce moment, il existait des journalistes, promoteurs et producteurs qui se connaissaient en rap. Ils pouvaient donc faire la promotion de cette musique plus facilement. Mais dans une époque où l’artiste le plus impressionnant fait de l’afrobeat, il devient difficile de vraiment faire de la place au rap »

« Les médias devraient vraiment changer leur façon de promouvoir le rap au Burundi. Il pourrait organiser des émissions autour du rap, parce qu’il n’y en a pas. Même ceux qui décident d’en lancer, s’arrête au bout de 2 semaines. Et c’est un problème récurrent sur lequel ils devraient travailler », nous dit pour sa part B-Face.

Avec toutes ces barrières nous pourrions ajouter la responsabilité des rappeurs dans ce manque de visibilité. « Peu de rappeurs comprennent le mouvement rap, son histoire et son but. Ils l’ont pris comme un moyen de devenir des stars et lorsque cela ne marche pas, ils vont vers ce qui marche le mieux en ce moment », nous explique Big Zoé qui estime que les rappeurs devraient connaitre le courant pour véritablement le défendre.

Revost Nigga, jeune rappeur, quant à lui pointe du doigt la qualité du texte. « Les gens nous prennent pour des voyous parce que certains d’entre nous écrivent des textes pas très respectueux et tout le monde pense que c’est le cas de tous les rappeurs. Et pourtant on n’est pas tous pareil », dit-il.

Les problèmes sont multiples mais se résument en 3 points principaux : la méconnaissance de ce qu’est la culture rap, le manque de promotion des artistes rap et l’incapacité des rappeurs à connaitre leur art et le défendre. Des points importants qui devraient attirer l’attention des promoteurs, producteurs, médias et du public mais plus encore des principaux concernés que la situation actuelle empêche de toucher le sommet.

 

Moïse MAZYAMBO

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