Nuhu Asman, ambassadeur des fans de l’équipe nationale Intamba mu rugamba ©Akeza.net
Le plus souvent, nous avons tendance à sous-estimer certaines activités comme quoi elles sont insignifiantes. Mais nous oublions qu’il y a ceux qui vivent grâce à celles-ci. On les verra crier, hurler, faire du bruit avec toute sorte de gestes pour encourager leurs équipes pendant un match dans le stade. Et la plupart des fois, certains les prennent pour des fous. Loin d’être une simple animation, soutenir une équipe en plein match est un métier gagne-pain. Coup de projection sur le parcours d’un fan professionnel, Nuhu Asman dit Mackalister.
Joueur avant tout !
Nuhu Asman est l’un de ces personnes qui savent mettre en valeur leur talent. Avant de se lancer dans l’aventure de « supporter-animateur », il est attaquant dans Onze Africain, l’un des clubs de 3ème division à l’époque . Comme il le fait savoir, certains héros de la qualification historique du Burundi à la CAN 2019 étaient ses coéquipiers. Des joueurs comme Suleiman, Pierrot, Rashid ont dribblé avec lui.
A l’époque, élève au lycée Notre Dame de Rohero, marier études et sport devient une affaire sérieuse dans sa famille. « Même si je faisais du sport, mes parents ne l’appréciaient pas. Ils me le répétaient tout le temps que ça va m’emmener nulle part », se confie Mackalister. Au fil du temps, ce jeune homme doit faire un choix difficile. « Mes parents m’ont obligé de choisir entre l’école et le football. Comme on dit qu’il faut les respecter, j’ai opté pour l’école et c’était fini avec ma carrière ».
En route vers une nouvelle aventure
« J’aimais faire du bruit, crier beaucoup, hurler » raconte-t-il en souriant. Lors du match qui oppose l’académie Tchite FC de Bujumbura au club AS Kigali à Bujumbura, Mackalister choisit de faner l’équipe locale.
Avec un humour extraordinaire et un rire contagieux, il parvient à séduire le staff du club visiteur rwandais. Après le match, il est interpellé par l’un d’entre eux pour lui dire qu’ils sont contents de son enthousiasme. Celui-ci lui propose de travailler avec eux. « Au départ, j’ai été réticent parce que je leur ai dit que j’étais supporter de Messager Bujumbura et qu’il fallait que je demande la permission. Après, ils m’ont donné une carte de visite que j’ai gardé jalousement dans ma valise », raconte Mackalister tout gaie.
Lire aussi: Burundi Vs Gabon : Et c’est fait… !
De Bujumbura à Kigali
C’est en 2016 que ce fan professionnel fait son entrée au Rwanda. Il se dirige directement au siège du club AS Kigali. « Quand je suis arrivé, ils m’ont proposé un contrat avec eux pour que je devienne leur supporter-animateur. En contrepartie, ils m’ont proposé de me louer une maison, me nourrir et me payer mensuellement. Mon aventure commence par là. Partout où AS Kigali allait, je partais avec eux ».
En 2017, lors des gratifications octroyées par les organisateurs du championnat Azam Premier League au Rwanda, il est le premier à recevoir le prix de meilleur supporter. « J’ai réussi à battre mes concurrents comme Rujugiro ainsi que d’autres. Depuis 2017 jusqu’aujourd’hui, c’est moi qui détient ce titre au Rwanda » nous dévoile Mackalister.
Petit à petit être fan devient un métier gagne-pain, il est par la suite sollicité par l’APR qui lui assure tout. « J’ai une maison, je mange gratuitement et on me paie mensuellement. Donc pour le moment, je suis supporteur-animateur de l’APR.Je suis comme le 12eme joueur. », nous fait savoir Mackalister.
«Quand je soutiens une équipe je ne fais pas de critiques, moi ce qui m’intéresse c’est encourager nos joueurs. Je les mets en garde contre leurs adversaires parce que quand on est à l’extérieur on voit beaucoup de choses.Je suis comme un troisième coach.»
Toutefois, cet ambassadeur de tous les fans Intamba mu rugamba, aimerait passer un mot à d’autres supporters « Je voudrais former les autres jeunes pour leur permettre de vivre grâce aux fruits de leurs efforts et développer ce talent qui peut leur faire vivre. Car être supporter-animateur, c’est un métier gagne-pain qu’il ne faut pas sous-estimer. Et de marteler : « Soutenir une équipe de football tel que je le fais n’est pas une folie » !
Fleurette HABONIMANA
Comments
comments