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Hausse du prix de la CAM, à quoi faut-il s’attendre ?

De 3000 BIF à 25 000 BIF ou encore à 100 000 BIF, le prix de la carte d’assistance maladie est en passe d’être revu à la hausse comme le prévoit le projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat 2021-2022. Et c’est non sans impact…

D’abord un petit rappel. La CAM a été instituée pour la première fois en 1984 pour « améliorer l’accès aux soins des populations du secteur informel, le secteur formel public et assimilés étant couvert par la Mutuelle de la Fonction Publique et le privé par des systèmes d’assurance maladie ». Son acquisition, volontaire, était ouverte à tout Burundais âgé de 21 ans dont les activités relevaient du secteur informel. L’ordonnance l’instituant a été modifiée à maintes fois et la dernière en date remonte à 2012. 

Dans l’arrêté du deuxième Vice-Président d’alors, l’article 3 stipulait : « La CAM donne à son acquéreur, à son conjoint et aux membres de sa famille encore mineurs, moyennant un ticket modérateur de 20%, le droit aux prestations de soins correspondant au paquet de soins disponibles au niveau des Centres de Santé publics ou agrées et au niveau des Hôpitaux de District ». L’article 5 fixait à son tour le coût annuel de la CAM à 3.000 BIF.

Et la hausse fût…

Il est donc prévu, dans le nouveau projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat 2021-2022, déjà voté par l’assemblée nationale, des modifications quant au prix de la CAM. « 0 BIF pour les indigents/vulnérables, 3.000 BIF pour les gens à faible revenu, 25.000 BIF pour les gens à moyen revenu et 100.000 BIF pour les gens à revenu élevé ».

Objectif : « Rehausser la qualité des soins offerts aux malades », fait savoir Larissa Dushime, porte-parole du ministère des finances qui indique que c’est dans la droite ligne du gouvernement d’investir dans le capital humain. En cause : « Ce bas prix et des arriérés de paiement des frais de la CAM », ce qui a rendu probablement incertaine la viabilité financière de la CAM.

Désolation du côté du Cadre d’Expression des Malades du Burundi (CEMABU). « Cette hausse risque d’entrainer une réduction des assurés usagers de la CAM, ce qui conduirait à la détérioration de la santé de certaines gens qui utilisaient la CAM », met en garde Sylvain Habanabakize, Chargé de Plaidoyer et Communication au CEMABU.

Des questions en suspens…

Si le ministère des finances tranquillise les indigents et les plus vulnérables utilisant la CAM pour avoir accès aux soins, il y a lieu de se poser des questions. D’une catégorie (3 000 BIF) la CAM vient d’être subdivisée en quatre catégories (0, 3 000, 25 000, 100 000 BIF), alors que la CAM fonctionnait sur un paquet de soins précis, qu’en est-il du paquet de soins qui sera réservé à chacune de ces catégories ? Sera-t-il le même ou pas ? Ladite « hausse de la qualité des soins à offrir » ne risque-t-elle pas de profiter aux plus nantis capables de payer plus ? Et s’il n’y a pas une nette séparation, l’engouement envers la CAM ne risque-t-il pas de s’effriter et conduire à la case départ ?

Mais encore, si « c’est à l’administration locale qui donnait déjà la carte d’indigence de placer les gens dans ces différentes catégories », comme l’affirme Larissa Dushime, sur base de quels critères une personne sera identifiée comme à revenu faible, moyen ou élevé ? Autant d’interrogations qui, espérons-le, trouveront réponse dans les textes d’applications qui suivront certainement.

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