Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Réouverture de la frontière Gatumba : que va en tirer le Burundi ?

Au début de ce mois de mai, Gitega a annoncé son ambition de rouvrir  sa frontière avec la RDC. Les commerçants rencontrés à Bujumbura City Market (BCM) dit « Kwa Siyoni » saluent cette mesure. Retour sur l’apport de cette frontière dans l’économie nationale. 

C’est après la réunion du Comité chargé de lutter contre la propagation et la contamination de la covid-19 que la nouvelle est tombée. Le poste-frontière de Gatumba entre le Burundi et la RDC va bientôt rouvrir. Une ordonnance tripartite est en train d’être préparée pour préciser les modalités. Un centre de dépistage sera installé à la frontière. Selon les prévisions, plus de 15 mille passagers seront dépistés par jour.  

Une décision salvatrice

Les commerçants rencontrés au marché dit « Kwa Siyoni » saluent la promesse après plusieurs mois de fermeture. « Je suis très content de cette décision. Depuis la fermeture de la frontière, même trouver 1000 BIF par jour est devenu un casse-tête. Bientôt, je pourrais écouler mes produits et nourrir mes enfants.»se réjouit Joselyne, une commerçante qui tient une petite échoppe d’habits importés d’Ouganda.

Cette jeune femme espère gagner doublement. D’un côté, elle payera les arriérés du loyer du stand. D’un autre, elle compte augmenter son chiffre d’affaires qui a chuté de plus de 80%. « Cette pandémie m’a fait comprendre que plus de 90 % de mes clients viennent de l’Est de la RDC », fait savoir la jeune dame. Et d’enchaîner avec le sourire « d’ici peu, mon porte-monnaie ne manquera plus un billet de 100 USD ». Cela parce que la majorité de ses clients paient en dollars.

Pour John, la réouverture des frontières lui permettra de rembourser ses fournisseurs même s’il en a pour 5 millions BIF de pénalités de retard. « Je suis confiant que ça prendra moins de six mois pour m’acquitter cette dette ». Et d’affirmer lui aussi que la majorité de sa clientèle vient de la RDC. 

Pourquoi Gatumba seulement ?

Le projet de rouvrir la frontière de Gatumba est bien réfléchi. Selon le ministre de la santé, ce poste frontalier joue un rôle important par rapport aux autres. Plus de 10 mille personnes traversaient quotidiennement cette frontière jusqu’au mois de mars 2020, date de sa fermeture consécutive à l’apparition du premier cas de coronavirus au Burundi.

Actuellement, il faut souligner que le pays de Mobutu, avec plus de 105 millions d’habitants, est un vaste marché d’écoulement rentable pour le Burundi. 

Pendant les cinq dernières années, la balance commerciale avec la RDC a toujours été excédentaire. C’est un partenaire commercial historique. Depuis 2011, elle figure parmi les deux premiers principaux pays d’exportation. Par exemple, en 2015, la RDC était le premier acheteur de produit burundais. Plus de 45 milles tonnes de marchandises y ont été vendus, soit 24,9% de nos exportations. Pour cette même année, le Burundi n’a écoulé que 37 567 tonnes dans toute l’EAC.

Un poste-frontière stratégique

Selon les récent schiffres publiés par l’ISTEEBU, au cours du dernier trimestre de 2020, les Congolais ont acheté plus de 27% de nos exportations alors que la Jumuhiya n’a commandé que 13,6%. 

Ce n’est pas tout. L’enquête sur le Commerce Transfrontalier Informel montre que les échanges transfrontaliers informels s’évaluaient à 132,3 milliards de BIF en 2019 contre 92, 8 milliards l’année précédente. Toujours pour l’année 2019, les exportations informelles s’évaluaient à 73,0 milliards BIF contre 27,6 milliards en 2018. En 2019, 74,0 % des exportations informelles sont allés vers la RDC via les provinces de Bujumbura, Bujumbura Mairie, Rumonge et Cibitoke. Voilà l’une des raisons qui explique sans doute pourquoi la réouverture de la frontière de Gatumba est l’une des priorités de Gitega. Une bouffée d’oxygène pour l’économie burundaise ? On serait tenté de répondre par l’affirmative.

Quitter la version mobile