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Sexisme, ce cheval de Troie de la société burundaise

«  Tu conduis pas mal pour une femme », « Ta logique n’est pas féminine », « Tu ne pleurniches pas comme une fille », «  Tu sais régler les affaires », etc, cette bloggeuse est ulcérée par des propos, apparemment bénins, mais qui, à la longue, forgent et incrustent dans l’imaginaire collectif un sexisme qui ne dit pas son nom. 

Nous avons tous déjà entendu ce genre de phrases, n’est-ce pas ? Au premier abord, on les prendrait presque pour des compliments. Presque ? Oui, car en fait, elles ne le sont pas du tout. Elles font plutôt partie de ce qu’on appelle « le sexisme ». Mais que signifie donc ce terme ? Le sexisme peut être défini comme toutes les attitudes, croyances ou comportements discriminatoires basés sur le sexe et sur des conceptions stéréotypées des sexes. Il s’agit d’un ensemble d’idées et d’attitudes qui hiérarchisent les sexes de façon arbitraire postulant la supériorité de la catégorie des hommes sur celle des femmes.

Généralement, ce sont les femmes qui sont les plus visées par le sexisme dans sa globalité que ce soit au travail ou dans la vie de tous les jours sur différents plans : par le biais des blagues et insultes, les commentaires misogynes, les publicités, les vidéo-clips, le cinéma, la littérature, etc. 

Un comportement aux conséquences multiples…

Le sexisme entretient les stéréotypes de genre sur la façon dont les gens apprennent à se comporter et à s’identifier comme filles et garçons/femmes et hommes. En voici quelques-uns : les garçons doivent être virils (« Amosozi y’umugabo atemba aja mu nda »), avoir une grande expérience sexuelle et ne pas montrer les sentiments, une fille doit être sage (« Nta mukobwa asimba urugo », « Nta mukobwa yurira igiti », « Nta mukobwa avuza uruhwa ») pudique, obéissante, être une bonne ménagère dans tous les sens du terme, etc. S’écarter de ces normes de genre équivaudrait à être exclu et stigmatisé par les autres, ce qui peut conduire à une diminution de l’image de soi et du self confidence, à la frustration, à la honte, l’impuissance, au choc émotionnel, etc. 

Du coup, plus de blagues plus de compliments ?

Pas quand il s’agit de moqueries dénigrantes. Malheureusement, le dénigrement passe souvent par des formes associées à l’humour et il est difficile pour quiconque de se défendre contre l’humour. Celui-ci fonctionne souvent avec l’ambiguïté/ambivalence des messages qu’il délivre. Comment faire la différence entre une blague potache et une vraie attaque sexiste alors ? D’après Brigitte Grésy, auteure du « Petit Traité contre le sexisme ordinaire », il faut toujours partir de son ressenti. Dès qu’on est mal à l’aise, gênée, ou si l’on se sent piégée, voire déstabilisée par une remarque ou une attitude, il faut réagir.

Et ce n’est pas tout ! Il existe également beaucoup d’autres techniques pour faire face à ce genre de comportement : feindre de ne pas avoir entendu une remarque lâchée en coin par un tel pour lui faire répéter sa blague sexiste afin qu’il se rende compte tout seul de l’énormité de ses propos. Etre ferme, calme et directe en expliquant à l’autre quelles sont vos limites, chercher des alliés en identifiant d’autres collègues femmes ou hommes qui trouvent ce genre de comportement gênant, se tourner vers la hiérarchie, voici quelques armes efficaces contre ce sexisme rampant.

Gente dame, ne vous laissez plus faire !  

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