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Bonesha, peu à peu la radio refait son nid

Suspendue pendant près de six ans, la RSF Bonesha FM a repris ses activités en février dernier. Une reprise déparée par cette longue période passée sous le coup des sanctions. 

« Top ten tube », « club de midi », ses journaux et j’en passe, Bonesha FM était une pointure dans l’univers médiatique burundais jusqu’à la veille de la vandalisation de ses locaux dans le sillage de la crise de 2015. Comme pour cinq autres stations privées, les 13 et 14 mai ont été des dates noires aux cours desquelles des personnes armées ont attaqués les bâtiments de ces radios. 

Depuis lors, plus de Bonesha FM, la radio est sommée de ne plus émettre. Certains de ses journalistes prennent le chemin de l’exil, d’autres se montrent résilients et se trouvent des points de chute dans d’autres médias.

Six années plus tard, le 28 janvier 2021, le président Ndayishimiye pose ce qui sera les jalons de la réouverture de la station. Avec le hashtag #JamaisSansLesMédias comme leitmotiv d’une rencontre avec les chefs des médias, le nouveau président tend une perche aux médias suspendus. Bonesha profite de l’occasion.

Le 26 février dernier, à 9 heures précises, la radio émet de nouveau. La résonance de certains jingles semble sortir d’une machine à remonter le temps. Dans une vidéo montrant la visite des lieux, chaque détail est témoin de l’histoire de ces six dernières années. Des ordinateurs criblés de balles, des micros aux coupe-vents endommagés, des douilles des cartouches, bref, un beau capharnaüm.    

Un retour aux affaires difficile

Les embûches sont légion mais pas de quoi impressionner le directeur de Bonesha, Léon Masengo. « La preuve en est que le CNC nous avait accordé un délai d’un mois pour redémarrer les programmes et nous avons fait de notre mieux  pour respecter ce délai. Deux semaines après nous avions déjà lancé les travaux de dépannage », fait savoir M. Masengo.

Cette prouesse est aussi due à l’abnégation des journalistes. Dans ce contexte de reprise, les finances sont naturellement dans le rouge. « Les journalistes ont signé un contrat de bénévolat de trois mois. Les choses avancent timidement mais nous espérons trouver des solutions », positive le directeur.

Parmi ceux qui traquent l’info, mus par la passion du métier, Alice Ndayizeye du service de la rédaction. Cette mordue de journalisme qui a enchainé des stages et bénévolats dans plusieurs rédactions fait état des difficultés des journalistes de Bonesha au quotidien : « Pas de matériel suffisant, pas de moyens de déplacements pour les reportages. »

Sur ce bateau qui jette son ancre de nouveau sur une mer agitée, la persévérance et l’optimisme sont le carburant et le gouvernail. Vivement l’ancien Bonesha, au vrai débat contradictoire, aux programmes instructifs et au professionnalisme qui  avaient été longtemps son label.

 

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