La Sosumo, avec ses 3000 hectares de canne à sucre, produit en moyenne 20 mille tonnes de sucre par an. 40 ans après sa création, elle a du mal à couvrir la demande locale. Mais les responsables de cette société sont convaincus qu’elle peut accroitre sa production pour couvrir les besoins internes, voire pouvoir exporter le surplus de sucre produit. Comment ? Voici la réponse.
La Sosumo existe depuis 1982, mais la première production du sucre date de 1988. Sa production a varié d’année en année. La première production avoisinait les 4000 tonnes. Sur les six dernières années elle a évoluée en dent de scie dans une fourchette comprise entre 18 000 et 23 000 tonnes. Selon le rapport semestriel de 2019 de la banque centrale, en 2015 la production du sucre était de 22 997 tonnes. Pour l’année 2016, la production a été de 23 656 tonnes mais elle est redescendue à 21 940 tonnes en 2017 et a chuté de 2 tonnes l’année suivante, passant à 19 535 tonnes. Au cours de la campagne 2019, la production est passée à 18 574 tonnes pour monter de près de 2 tonnes en 2020 (20 434 tonnes).
Selon d’autres statistiques, le Burundi a importé du sucre pour satisfaire la demande locale. Ces importations ont atteint un pic de 26 267 tonnes en 2017. En 2015, le volume de sucre importé était de 10 517 tonnes, puis il est passé à 12 757 tonnes en 2016. En 2017, on vient de le voir, c’était plus du double du volume importé l’année précédente. Sur les deux années qui ont suivi, les importations ont diminué passant de 22 985 tonnes en 2018 à 16 648 tonnes en 2019.
Porter la production à 85 mille tonnes? Comment ?
D’après les chiffres qu’on vient de passer en revue (une production annuelle moyenne de 20 000 tonnes), nul doute que la production interne du sucre ne peut pas couvrir entièrement les besoins du pays. La demande interne ne sera satisfaite qu’avec l’extension de son exploitation agricole, la réhabilitation et la modernisation de ses installations, cela pour porter la production de la Sosumo à 35 000 tonnes par an, affirme la direction de cette entreprise. L’introduction de nouvelles variétés de cannes à sucre est un autre facteur qui pourrait contribuer à l’accroissement de sa production. Cette extension envisagée devrait être suivie par la création d’une nouvelle unité de production pouvant produire 50 000 tonnes pour porter plus tard la production totale à 85 000 tonnes. A ce moment-là, il deviendra aisé d’exporter le sucre de la Sosumo, d’autant plus que le sucre produit par cette entreprise est très prisé dans la sous-région, rassure le Général-Major Aloys Ndayikengurukiye, ADG de la Sosumo.
Des défis à relever
Des facteurs exogènes jouent en défaveur d’une bonne production du sucre. De fortes pluies durant la campagne de juin à novembre retardent l’usinage et impactent ainsi négativement la production. En effet, comme l’explique le patron de la Sosumo, les tracteurs n’arrivent pas à circuler dans les plantations. La vétusté des machines est un autre handicap. Elles ont fonctionné pendant longtemps, 24h sur 24. Parmi d’autres défis qui handicapent la bonne marche des activités de cette société on peut aussi citer la qualité de la canne à sucre qui laisse à désirer et le déficit hydrique surtout pour les cannes à sucre plantées sur les pentes.
570 contractuels et près de 3000 employés saisonniers
Depuis sa création jusqu’au mois d’octobre 2020, la Sosumo rendait compte au ministère ayant le commerce dans ses attributions. Contacté pour parler du plan du ministère pour accroitre la production afin de ne plus importer le sucre, un cadre de ce ministère a révélé que depuis octobre 2020, la Sosumo rend désormais compte au ministère ayant l’agriculture dans ses attributions.
La Sosumo, seule entreprise de production du sucre du pays, est implantée sur 5 800 hectares (usine et champs de canne à sucre). Elle emploie 570 contractuels et près de 3000 employés saisonniers. Le gouvernement a tout intérêt à s’impliquer dans le projet d’extension de cette société dans le but d’accroitre la production. Et pour cause, cette entreprise est le troisième contribuable au niveau national. Elle est une société mixte (avec 99% des actions appartenant à l’Etat, la Brarudi et la banque Ecobank se partageant le reste des parts). En outre, elle paie une taxe communale de 4% de sa production et s’acquitte d’une taxe de consommation de 30 % à l’OBR. Elle se singularise par la gestion saine de ses finances très appréciée par les hautes autorités du pays.