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Gitega et le transport en commun: un couple mal assorti

Gitega a essayé à maintes reprises l’introduction des bus sans succès. La dernière tentative vient de faire chou blanc. La capitale politique va-t-elle rester sans transport en commun ? Où est-ce que ça coince ? Que faire ?

Un petit saut dans le passé. Janvier 2020, deux bus estampillés « Volcano » inauguraient la première ligne de bus du réseau urbain à Gitega. Une nouveauté pour une ville qui venait d’être sacrée capitale politique. Le hic, la nouvelle n’a duré que le temps de la rosée. Quatre mois plus tard, aucun des deux bus n’était plus en circulation. Une année après, rebelote. Le 16 février 2021, sur l’initiative l’entrepreneur Ndayisenga Jean-Marie, deux bus estampillés« James transport » viennent pour faire le transport en commun dans la ville de Gitega. Cette fois-ci, ayant banni les taxi-vélo du centre-ville et déplacés certains parkings aux taxi-moto, les conditions semblaient être réunies pour introduire durablement le transport en commun. Peine perdue. Après un mois, en mars 2021, aucun des deux bus ne circulait plus à Gitega. Pourquoi le transport en commun a-t-il du mal à s’implanter dans la ville de Gitega?

Il y a anguille sous roche

Un petit tour au centre-ville pour s’enquérir des causes expliquant le fiasco de l’introduction des bus dans la capitale politique. Pour Magy Nshimirimana, fonctionnaire, les bus mettaient trop de temps à parcourir le trajet à cause de nombreux arrêts pour prendre ou déposer un client. « Comment prendre un bus de 400 Fbu qui prend 1 heure pour arriver là où ça prend 10 minutes avec un  taxi-moto de 500 Fbu ? », se demande-t-il.

Karim, chauffeur au chômage, a une autre version. Pour lui, ces bus ont été victime d’une mauvaise publicité. « L’administration locale a dû bannir les taxi-vélo au centre-ville et les taxi-moto ont dû perdre certains parkings pour assurer la réussite de cette ligne de bus. Cela, la population de Gitega ne l’a pas vu d’un bon œil, préférant boycotter ces bus, ce qui a entraîné le manque de clients », confie-t-il.

Des propos que confirme un responsable de l’Atrabu à Gitega, qui explique que ces bus travaillaient à perte par manque de clients. « Si Gitega a été sacré capitale politique du pays, la mentalité des gens de Gitega n’a pas évolué, car tous disent encore : « turahagenda n’amaguru (on va marcher) », explique-t-il.

Que faire ?

Pour assurer la pérennité des lignes de bus dans une ville comme Gitega qui grandit à grande vitesse, il faudra élargir le circuit du réseau de transport en connectant les quartiers avec des routes goudronnées ou pavées. Là où ce n’est pas encore le cas, il faut paver les routes en terres battues qui relient certains quartiers comme Karera, Zege, Nyabututsi et Nyabisindu au centre-ville. Bien plus, comme les gens de Gitega boudent les bus, il faudra penser à faire une sensibilisation pour les aider à changer de mentalité. Peut-être faudra-t-il commencer par introduire de petits bus qui se remplissent rapidement, parce que beaucoup de gens reprochent aux grands bus le temps qu’ils prennent pour se remplir et effectuer le trajet.

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