Ces derniers jours, ils sont plusieurs, y compris des officiels, à espérer la reprise de relations entre Gitega et Kigali. Un espoir pour les échanges commerciaux entre les deux voisins qui avaient payé le prix fort de ces tensions.
Depuis 2015, le Burundi et le Rwanda sont à couteaux tirés. Sur fond d’accusations réciproques, les deux « faux jumeaux » s’accusent de tous les maux. D’un soutien aux putschistes Burundais de 2015 et aux FDLR Rwandais, c’est toute une liste de causes avancées par les deux pays comme pomme de discorde.
Mais, ces dernies jours, ce discours, on ne l’entend plus. Des tentatives de rapprochement sont observées. Et il fait le dire, eût égard aux derniers développements de la situation, la volonté semble partagée.
Vers le dénouement de la crise ?
On ne risque pas de l’oublier. Vers la fin de 2020, l’ambassadeur Albert Nshingiro, ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement du Burundi et son homologue rwandais Dr Vincent Biruta se rencontraient à la frontière de Nemba-Gasenyi pour voir comment normaliser leurs relations. Une première depuis 2015. A travers le communiqué sanctionnant cette visite « de travail » à l’initiative du Burundi, on pouvait lire : « Cette rencontre entre dans le cadre de la volonté partagée d’évaluer l’état des relations bilatérales entre les deux pays voisins et de convenir sur les modalités de leur normalisation ».
Et plus récemment, dans un congrès extraordinaire du CNDD-FDD, le président de la République s’est montré pour le moins confiant : « Il y a déjà un pas franchi, nous savons tous ce qui est à la base de nos mésententes, il faut qu’elles soient réglées. Après tout, ce sont nos frères, nous avons en commun beaucoup de choses comme la langue et la culture ».
Pour le numéro un Burundais, c’est malsain que ces malentendus ternissent nos relations. « C’est peut-être des taquineries entre cousins. Quand des frères se disputent, il ne faut pas que quelqu’un s’intercale, ils savent comment régler leurs différends. D’ici peu, les relations seront au beau fixe », peut-on lire dans les colonnes du journal Iwacu qui couvraient l’événement.
Un dégel opportun pour le bien de l’économie des deux pays
«Les mauvaises relations entre les deux pays ont sensiblement fait régresser l’économie transfrontalière », déclarait un officiel rwandais. L’économie des deux pays payera donc le prix fort des tensions diplomatiques entre Kigali et Gitega. En effet, les données sur le commerce entre les deux pays sont là pour le prouver. A titre illustratif, en 2013, les importations en provenance du Rwanda représentaient 24. 279.000.000 Fbu alors qu’elles étaient seulement de 10.032.000.200 fbu en 2015, au tout début de la crise. Quant aux exportations, de 13.083.000.600 en 2013, elles sont retombées à 6.909.000.200 fbu en 2015.
Ce n’est qu’en 2016 qu’il y aura une petite envolée. Pour cette année, les importations en provenance du Rwanda ont atteint les 20.809.000.800 fbu et les exportations à 8.559.000.900 fbu. Mais en 2018, les importations depuis le même voisin du nord sont retombées à 8.101.000.850 fbu. Au tant donc que dire que les échanges entre les deux pays ont été affectés par cette crise.
Face à cette évolution en dents de scie des échanges entre les deux pays, c’est dire l’urgence du rétablissement de leurs relations. Quoi de mieux que de voir les échanges rebondir pour le bien des citoyens des deux pays. Comme ça on n’entendra plus « les produits burundais nous manquent » ou inversement.