Un drapeau bleu. Un drapeau bleu symbolisant l’unité nationale flotte au-dessus de certains bureaux au Burundi. Comment se fait-il qu’il n’ait jamais détourné mon regard? Est-ce peut-être parce que j’ignorais ce qu’il représente?
-Dis, à quoi te fait penser la fête de l’Unité Nationale?
-Euh bah, euhh, un drapeau bleu!, me répond évasivement Camélia, comme si, encore une fois, je m’attardais sur des concepts futiles
-Un drapeau quoi? lancé-je avec étonnement
La date du 05 février ne m’est pas étrangère pourtant. Chaque année, je la vois marquée en rouge sur le grand calendrier de la maison. C’est même la joie totale quand je me réveille sachant que j’ai le droit de rester à la maison et passer du temps avec ma famille. Je sais aussi qu’à cette date, le président de la République va déposer une “autre” gerbe de fleurs devant un joli monument érigé sur les hauteurs de la ville de Bujumbura. Main dans la main, les autorités sur les lieux glorifient le monument et entament une chanson dont j’ignore toujours les paroles. Certains heureux élus parmi les élèves sont également conviés à la cérémonie. Ceci est tout ce dont je me rappelle de cette soi-disant fête. Des fois, je me dis que j’aurais pu faire la rencontre de ce drapeau bleu et de son histoire si seulement j’avais été invitée aux côtés de ces autres élèves à Kiriri.
Comme la plupart des jeunes de mon âge, je n’ai jamais compris cette fête, ni les faits historiques/politiques qui l’ont engendrée. Pourtant, l’Unité Nationale en soi n’est pas une banalité, et en ce 30e anniversaire de l’instauration de cette charte, je me dis que la meilleure façon de perpétuer cet idéal est de célébrer ce que j’ai vue et continue de voir au sein de mes compatriotes et non ce qu’en disent les textes.
Socialement
Des amours ces Burundais. Une communauté où l’on apprend que l’union fait la force, le burundais te donnera de l’eau à boire quand tu as soif ( nta murundi yimana amazi, dit-on) et conduira à l’école les gamins de toute son avenue. Sans oublier grand-mère à Kirundo, qui ravitaille en vivres ses petits-enfants à Buja sans compter la taille de son grenier.
Sur les réseaux sociaux, hormis quelques accrochages, une forte solidarité s’y manifeste. Que ce soit sur Twitter où ces burundais s’unissent autour d’un hashtag #Abatwip, de peur de se perdre de vue, ou que ce soit à travers les mobilisations sur différentes plateformes pour une activité ou cause commune: plantation d’arbres, collecte de fonds pour les nécessiteux, et j’en passe.
Le football! Ah, Intamba mu Rugamba a bien su nous faire danser dans les rues sans souci, et jusqu’à l’aube.
“Je courais quand un gars venu de nulle part a grimpé sur mon dos, et j’ai dû continuer ma danse de joie avec un inconnu sur le dos”, m’a confié un ami quand je lui demandais un de ses plus beaux souvenirs au pays. En tout cas, cette équipe, un bonheur que l’on n’échangerait pour rien au monde.
Culturellement
Tel un arc-en-ciel aux milles couleurs,l’art burundais regorge de tas de merveilles.
Peinture, musique, poésie, dessin ou théâtre, ces canaux sont un trésor qui servira et inspirera les futures générations du pays. Merci à ceux qui créent l’art et font vivre notre culture. Merci à ceux qui répondent massivement aux différents concerts et vente-expositions.
Politiquement ?
Ici, je m’aime trop pour tenter. Mais une chose est sûre, lorsque mes enfants me demanderont ce qu’est ce drapeau bleu, je raconterai nos simples vies quotidiennes, car c’est là où je nous vois unis malgré que l’on ait encore du chemin à faire.
Ainsi donc, grandissons dans cette unité que ce drapeau bleu reflète. Que chacun dans son coin ou dans ses responsabilités fasse de son mieux, car, même sans nous tenir la main physiquement, on apportera du baume dans la vie de quelqu’un par un petit geste, quelque minime soit-il.
Soyons un, car nous le pouvons. Bonne fête de l’Unité Nationale.