Site icon LE JOURNAL.AFRICA

La face moche des concours de beauté

Les évènements Miss Burundi déchaînent les esprits. Des showbiz où beauté, argent et surtout mesquinerie se combinent, révélant la terrible puissance des hommes face aux jeunes filles, dont la beauté ou quelque fois l’intelligence n’est d’aucun secours. Bienvenue dans le décor des gagnantes qui se retrouvent du jour au lendemain dans le costume des perdantes.

Miss Burundi, Miss Kugasaka, Miss Ngoma, on dirait que le terme miss au Burundi est maudit. Peut-être maudit par ces gens qui créent des événements n’ayant aucun sens de l’empathie envers ces jeunes demoiselles. Le dernier en date est Miss Ngoma, avec cette lettre magnifiquement rédigée mais dont le fond rappelle le non- respect des engagements des organisateurs.

Je me mets à la place de cette maman que j’ai rencontrée dans un bureau à Bujumbura chantant les prouesses de sa fille qui disputait la finale Miss Burundi en 2017. Celle qui a vu sa fille récompensée avec le titre de Miss Popularity. Je me représente combien elle tenait à la victoire de sa fille, combien elle invitait tout le monde à voter pour elle. Une salve d’émotions de toute une famille qui a fini par payer.

Je pense aux parents, fans, proches qui ont soutenu leur candidate jusqu’en finale. Après le tapis déroulé et l’extinction des caméras et des projecteurs, on attend la tenue des récompenses. Mais nada. Après, telle une voix qui nous rappelle les films de zombies où on a l’air d’avoir entendu quelque chose sans savoir exactement la source, cette personne qui ne se démasque pas mais qui passe le message incognito pour dire : « Continuez à attendre ». Jusqu’à la nuit des temps peut-être. 

Quel est le rôle des autorités ?

Il n’y a aucune compétition de miss qui ne soit rehaussée par de hautes autorités, des dirigeants de grandes sociétés, des cadres, etc. Cependant, c’est un silence radio à chaque fois que les jeunes filles sont victimes de tromperie inouïe de la part des organisateurs. Et la vie continue, comme si de rien n’était.

La mise en garde des autorités ne suffit pas. La tentative du ministère du commerce qui a interpellé les organisateurs de tels évènements pour faire preuve de professionnalisme dans un monde où l’éthique et la morale ont laissé place à la contemplation et au laxisme, semble accoucher d’une souris. Du moins pour le moment. Espérons que Miss Burundi 2021, ouvert par la première dame, corrigera les travers du passé.

À chacun ses responsabilités

À quoi sert de passer toutes ces nuits blanches à s’essayer des habits et des semelles qu’on découvre à peine, monter sur le podium et être proclamée miss, puis réveiller le public avec une lettre réclamant des récompenses censées être données le jour même de la proclamation ? Mon souhait est que Miss Ngoma soit le dernier évènement du genre où les lauréates sont obligées de se battre avec des gens dont le déséquilibre de force est une évidence et l’issue de la bataille incertaine.

Je suggère aussi que les prix soient libérés et mis entre les mains des personnes ou institutions convenues par les parties intéressées et que tout le processus soit encadré par les professionnels et les autorités concernées. Ainsi on évitera à la Miss de suer pour décrocher son prix, une démarche qui ne colle pas avec le statut de reine de beauté.

Quitter la version mobile