Au Burundi, pendant que tous les yeux étaient rivés sur le Covid-19, une autre épidémie battait son plein : l’homicide conjugal. Et comme pour le premier, la vague ne semble pas retomber pour le second. Ici aussi, des mesures barrières s’imposent.
Pitoyable. Le Burundi assiste, médusé, à la recrudescence des homicides conjugaux. Les cas récents d’Aline Mukeshimana de Ngozi poignardée par son mari le 19 janvier 2021, et celui du 6 janvier 2021 où cette épouse de Mutaho a été égorgée vif par son mari, en témoigne. Malheureusement, ces actes ignobles de 2021 ne sont que le prolongement de 2020. Mukamana Denise de Gihosha le 19 novembre de l’année dernière, Nizigiyimana Consolate de Bubanza le 24 décembre, Laetitia Bukuru de Kirundo en juin, Kamurenzi Chantal de Kirundo le 4 août, ne représentent que la partie visible de l’iceberg du féminicide au Burundi.
Mais ce n’est pas tout. 2020 aura aussi été l’année du retournement de la situation avec la percée de l’homicide envers les époux. Les 13 et 15 septembre 2020, deux époux ont été tués par leurs femmes à Rumonge. En décembre de la même année à Ruyigi et à Gitega, Séverin Nduhirubusa et Vincent Mvuyekure ont été poignardés par leurs femmes. Et comble de malheur, tous ces couples avaient des enfants. Imaginez les séquelles psychologiques qu’ils devront encaisser des suites de la mort d’un parent et de l’emprisonnement de l’autre ?
Garde-fou
Selon le centre Seruka, peu importe le sexe des victimes, l’homicide conjugal est souvent le point culminant d’une trajectoire de violence conjugale qui a augmenté en sévérité et en intensité au fil du temps. Pourtant, pour briser la continuité de cette trajectoire, des solutions locales peuvent servir de mesures barrières.
Avec la présence de cabinets d’écoute et de soutien psychologique, la thérapie de couple est une occasion unique pour les couples de communiquer, de donner un second souffle à leur couple, et souvent de parler des non-dits qui bloquent l’épanouissement conjugal des époux.
Aussi, il faut savoir partir à un moment donné. Eh oui, beaucoup d’hommes et femmes burundaises tiennent beaucoup à leurs mariages. Normal, car cela est en effet le résultat de l’éducation qu’ils/elles ont reçue dès leur enfance. Une des raisons qui fait que le divorce est très mal perçu au Burundi. Pourtant, il arrive un moment où il faut lâcher prise et se résigner. Ce moment intervient lorsque vous avez assez fait pour changer votre partenaire violent. Sachons partir en marchant et non les pieds dans le cercueil.
En attendant, il faut savoir briser le silence. Souvent, la honte pousse surtout les hommes à ne pas admettre qu’ils sont victimes de violences au sein de leurs foyers. Ils ont peur d’être taxés de femmelette ou d’efféminé. En rompant le joug du silence, c’est briser la souffrance intérieure qui peut déboucher parfois sur l’homicide conjugal. Aussi, saisir la justice devrait être le premier réflexe, que l’on soit victime ou témoin de violences conjugales. Il s’agit de mettre hors d’état de nuire un potentiel danger pour les autres. Cet acte constitue une meilleure alternative pour briser le cycle qui aboutit à l’innommable.
Sinon, pourquoi ne pas apprendre aux couples des techniques de self-défense pour se sortir du danger, pour fuir au plus vite et appeler de l’aide en cas de tentative d’homicide conjugal ?