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A quand la suppression des filières pourvoyeuses de chômeurs ?

Avez-vous déjà remarqué que les débouchés pour certaines formations universitaires ne sont pas évidents ? La solution serait-elle la mise en jachère voire la suppression de celles-ci afin de créer celles répondant aux besoins du marché du travail ? Analyse.

Un soir d’octobre, je surprends une conversation étrange entre deux jeunes hommes. Tous deux sont des sentinelles. Ils montent la garde sur l’une des entreprises privées au centre-ville de Bujumbura. L’un regrette d’avoir fait une filière qui ne donne pas du travail.  « Si j’avais su, je n’aurais pas perdu mon temps. Ce diplôme en langues et littérature africaine ne permet pas décrocher de l’emploi », se lamente-t-il. Pour l’autre, inutile de regretter. Car, il est impossible de retourner en arrière. Il faut tourner la page et se débrouiller pour gagner la vie. 

Que de déceptions ! Que de temps perdu ! J’aurais pu faire autre chose… J’aurais pu…J’aurais dû…C’est de cette manière que beaucoup vivent, dans le silence, ces lendemains qui déchantent au bout de la vie universitaire.

​« Après la pluie, le beau temps », a-t-on l’usage de chanter. Sur le banc de l’école, ces proverbes permettent de rêver et de croire en un avenir béat : un niveau de vie décent, un gros salaire, une belle maison.

Des rêves brisés

Ces rêves donnent la force de persévérer même après plusieurs reprises de classe, même après de nombreux échecs à un examen. Toutefoisaprès des années de travail et de sacrifice, ces rêves s’éloignent au fur et à mesure que nous grandissons. Le comble est que le choix par défaut devient également un fiasco in fine. Aucun débouché à la fin et bonjour le chômage, que dis-je, bienvenu la débrouillardise. 

Désespérés, certains de ces jeunes sont devenus des vendeurs de crédits de téléphone, des sentinelles, etc. Des échappatoires, quoique rémunérateurs, ne manquent pas pour se rendre utile. Dans ces conditions, beaucoup de jeunes découragés diffèrent leur mariage à l’infini parce que fuyant les nombreuses responsabilités de la vie de couple. Les fiançailles s’éternisent faute de moyens. 

Pour certains, le contexte économique actuel ne peut donner du travail à la jeunesse diplômée. Pour d’autres comme moi, le système éducatif n’est pas adapté aux réalités et aux besoins de notre pays. Chaque année, des jeunes s’inscrivent dans des filières sans issue parce que n’ayant pas le choix ou pour avoir été mal orientés.

Une solution. La mise en jachère voire la suppression de certaines filières dans nos universités. Pour étayer cette approche, partons de deux exemples pris au hasard. 

Des exemples

Première filière, la linguistique. N’avez-vous pas remarqué que les débouchés de cette formation ne sont pas évidents ? Et ce n’est pas faute d’avoir cherché. Le sort commun des étudiants qui embrassent cette filière se trouve dans la vacation dans les écoles fondamentales qui manquent d’enseignants formés à l’Ecole Normale Supérieure pour enseigner le français, l’anglais et le kirundi. 

Des linguistes, on en a beaucoup, mais qui ne servent pas à grand-chose. Doit-on continuer à accepter des bacheliers dans un tel contexte ? La réponse devrait tout de même être sans ambiguïté. 

Deuxième exemple, la géographie. Cette dernière reçoit chaque année des bacheliers. Une fois le diplôme en main, où mettent-ils en application leurs compétences ? A la maison pour la plupart, espérant un jour entrer à la fonction publique.

Les filières qu’il nous faut

Normalement, la création d’une filière dans une université devrait être la réponse à un besoin. Quand nous partons de ce principe, nous nous rendons compte que certaines filières créées depuis des années n’apportent rien au développement du pays. Elles constituent plutôt des usines à fabriquer des chômeurs. Il urge de les recenser et de les mettre en jachère pour une durée indéfinie. 

Il faudra aussi valoriser les métiers de l’artisanat notamment la menuiserie, la couture, la plomberie, la mécanique, etc. La valorisation de ces formations passe par des mécanismes d’apprentissage avec la possibilité d’avoir un baccalauréat voire un master dans ces domaines. Ce faisant, l’on pourra dire un jour : « Je m’inscris en première année de menuiserie à l’université du Burundi » ou encore « Je viens de soutenir mon master en gastronomie à l’Université à l’université du Lac Tanganyika ».

 

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