Comme tout Burundais, la jeunesse de la commune Nyabiraba pointe un regard d’espoir sur les institutions issues des élections. Un moment crucial pour l’avenir du pays, mais aussi une opportunité de voir leurs ambitions se réaliser.
C’est un dimanche pluvieux au petit centre de Nyabiraba, la dernière-née des communes de Bujumbura Rural à 21 km de Bujumbura, capitale économique du pays. La pluie matinale n’empêche pas les habitants de cette contrée de participer dans le premier culte de 8h. La RN7 connue pour son animation est cette fois dégagée. « Le dimanche, on ne reçoit les clients que dans l’après-midi », fait Fiston, travailleur dans un restaurant « Karibu » près du petit marché de Nyabiraba.
Il est 10h30. On a du mal à trouver où acheter des cartes de recharge. À une centaine de mètres du centre communal, seule la boutique de Mariette est ouverte. « Les activités tournent au ralenti depuis plus de deux semaines, faute de courant », révèle-t-elle. Il y a eu une panne électrique, le fusible a été foudroyé. La jeune dame dans la trentaine affirme que les autorités sont au courant du problème, mais qu’elles ne font rien pour réclamer le remplacement. « Une situation irritante », lâche Claude, propriétaire d’un secrétariat public, maintenant sans travail en attendant le retour de la « lumière » dans son petit studio. Même son de cloche pour Yves, responsable d’un moulin. Le silence qui règne dans sa petite maisonnette est comme le vide dans sa poche. « Je viens chaque jour ici dans l’espoir de retrouver le courant. Nous avons supplié l’administration d’appeler la Régideso mais rien n’est encore fait. Je ne vois pas comment je vais payer le loyer », s’indigne-t-il.
Un changement oui, mais positif
Quand on évoque la question de la gouvernance, Martin, jeune élève en classe terminale à l’ECOFO Nyabiraba ne cache pas son inquiétude. Lui, qui pour la première fois a voté il y a 5 ans, ses aspirations se sont amenuisées. « Le candidat pour qui j’ai voté n’a pas honoré ses engagements. La politique comme on le dit c’est l’art de mentir », regrette-t-il.
« Nous voulons un leader qui soit toujours à l’écoute de sa population pour ensuite prendre des décisions visant à améliorer le bien-être de tous », répond Anne Marie, infirmière au CDS Nyabiraba, lorsqu’on lui demande quel leader politique, elle souhaiterait. Pour Thierry, un universitaire reconverti en motard, le chômage mine la jeunesse de Nyabiraba. Il n’est pas facile de monter son entreprise, si on n’est pas bien vu par les autres jeunes proches de l’administration. Selon lui, la vie est dure quand on n’a pas le droit de travailler comme il le faut. « L’idéal serait un leader qui instaurerait l’équité et l’égalité pour tous », argue-t-il.
Dans ce petit centre urbain, le commerce à la sauvette fait vivre une grande partie de la population. Fabrice, entrepreneur souhaite que même ces petits vendeurs puissent exercer en toute quiétude. « Souvent, la police les pourchasse alors que c’est leur gagne-pain. On aimerait une autorité qui comprenne que le commerce, petit soit-il, est une activité comme les autres car il génère des revenus pour ceux qui l’exerce »
En attendant leur dirigeant idéal, les habitants de Nyabiraba veulent avant tout un pays paisible et prospère, un vœu qui pour eux est le principal pilier du développement.