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« Haricot, mon bon haricot, où es-tu ? »

Depuis quelques jours, les prix du haricot ont presque doublé. Cette situation persiste malgré la bonne récolte annoncée par le ministère en charge de l’agriculture en 2020. Des spéculations ? Notre blogueur adresse officiellement une lettre ouverte à cet indispensable produit agricole.

Rare et cher sur le marché, tu connais mieux l’effet que ça produit. Tu es depuis toujours l’ami intime des détenus, des élèves internes, des militaires et des policiers, de toute la population burundaise, tant rurale qu’urbaine. Tous les ménages te consomment quotidiennement même quand tu fais la belle comme aujourd’hui.

Haricot, tu n’es pas jaloux, rassure-moi ? Tu es le chouchou de tout le monde, frais ou sec et toujours cuit, nous te consommons sans conditions, matin, midi et soir. Accompagné de riz, de patates douces, de pommes de terre, on te trouve partout dans les cantines, les cuisines policières et militaires, les ménages, etc. Tu ne manques à aucune fête, qu’elles soient officielles ou sociales. Nous t’accompagnons parfois même avec de la viande. N’est-ce pas un signe éloquent de notre amour ?

Tu es adapté à tous les climats et tu es cultivé dans toutes les régions du Burundi. Mais hélas, voilà que tu te fais rare. Pourquoi ? Tous les chefs de familles ont réduit ta quantité. Ils craignent de te perdre, de t’acheter cher alors que l’on te trouvait avant facilement, moins cher ou par le troc. 

Sur les marchés de la mairie de Bujumbura comme à l’intérieur du pays, très cher ami Haricot, tu nous fais faux bond. Kirundo, Kinure, Jaune, Mukutsapantalo… A quoi serviront ces petits noms qu’on te donnait, si tu n’es plus là ? Je te cherche au centre, au sud comme au nord de la capitale. Des vendeurs partagent le même constat que moi : « Tu n’es plus disponible ! » Quand te trouverais-je mon cher, mon bon haricot ?

Selon les normes du Programme Alimentaire Mondial (PAM), un homme normal consomme 300 g de haricot par jour. Moi-même, j’en consomme autant par jour. 

En espérant te retrouver au plus vite et en quantité suffisante sur le marché, reçois cher Haricot, mes sentiments les meilleurs.

Note de l’auteur 

Des autorités agricoles et administratives tranquillisent que la production agricole pour le haricot est bonne. Je me suis référé à la déclaration du ministre ayant l’agriculture dans ses attributions au début du mois d’avril. Le ministre Déo Guide Rurema parle de près de 147 mille tonnes. Mais cette production ne reflète pas sur les différents marchés.

Pourtant, le Burundi est classé parmi les plus grands producteurs de haricot au niveau mondial, selon le rapport de l’ADISCO en 2017. Le haricot occupe 40,6% de la superficie totale exploitée, qui était de 441.606 ha pendant la saison culturale 2013 B, selon ce même rapport. Et en termes de volume de production, cette denrée occupe la troisième place après la banane et la patate douce.

 

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