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Exploitation des enfants : qui leur viendra en aide ?

Nous avons l’habitude de voir des adolescents, souvent venus de milieux ruraux, faisant des travaux domestiques. Généralement sous la surveillance de ceux qu’ils appellent mabuja ou databuja. Selon les dernières enquêtes de l’ISTEEBU qui datent de 2009, 23% des enfants sont exploités dans les ménages sur tout le territoire national. Claude surnommé Kadogo (petit), nous raconte son quotidien, depuis 2 ans.

Un certain vendredi après une semaine de travail, je sors dans un bar à Nyakabiga avec ma famille. En attendant qu’arrivent nos commandes, je siffle pour appeler un des vendeurs d’amuse-bouche. Ce sont généralement de jeunes garçons qui tiennent une palette ou deux d’arachides et d’œufs.

« Je fais n’importe quel travail »

Un adolescent en short kaki et t-shirt rouge arrive en courant et me tend ses marchandises. Surpris par son air presque enfant, je lui demande pourquoi il travaille si tard et s’il n’a pas de cours à réviser.  

« Niwitwengere mabuja, narahagaritse ishure (ne te moque pas de moi patronne, j’ai arrêté l’école). Je suis arrivé à Bujumbura en 2018. J’ai quitté l’école alors que j’étais en 5ème année primaire. Je suis originaire de Kayanza et on me surnomme Kadogo. Je travaille à Bwiza. Le matin je suis  travailleur de maison, le soir je circule avec ces marchandises pour le compte de mon boss 6 ou 7 jours par semaine », explique-t-il.

Choquée, je demande en quoi consistent ses taches domestiques. Il me regarde, étonné de la question, et répond : « Absolument tout. Je me réveille 5 h pour avoir le temps de tout terminer. C’est-à-dire torchonner, faire la vaisselle, la lessive, aller au marché puis ensuite cuisiner. Après, je fais griller les cacahuètes que je vends le soir dans des cabarets ».

Claude est malheureusement un cas parmi bon nombre d’autres qui existent dans les grandes villes surtout à Bujumbura. Ces enfants font des travaux souvent au-dessus de leur force physique. Comme ils le témoignent, certains sont renvoyés la nuit sans être payés. Dans ce cas, un choix s’impose : dormir dans la rue, ce qui les expose au viol, à des maladies sexuellement transmissibles, à des grossesses non désirées pour les filles, etc.

Que faire ?

La commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) reconnaît que le travail domestique des enfants est une évidence sur terrain. Commissaire Jacques Nshimirimana indique que : « Malgré cela, cette commission et d’autres services en charge de la protection des droits de l’enfant cherchent toujours des mesures durables pour éradiquer ce phénomène ».

Un proverbe dit en kirundi  « umwana si uwumwe » (l’éducation d’un enfant ne revient pas à une seule personne). L’avenir de ces mineurs regarde tout un chacun, l’Etat en premier lieu. Selon Ferdinand Simbaruhije, secrétaire générale de la FENADEB (fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi), éradiquer la pauvreté dans les familles rurales est la solution idéale, car ces enfants vont à la quête du travail pour fuir la misère dans leur famille. Il ajoute : « l’Etat devrait instaurer une loi qui oblige tout enfant en âge de scolarité d’aller à l’école jusqu’au minimum à l’école primaire. D’ailleurs, une personne instruite n’est pas facilement manipulable. »

 

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