La commune Mabayi est l’une des 6 communes de la province Cibitoke. Nous l’avons visité pour vous et avons discuté avec la jeunesse de la région.
Les jours se suivent et se ressemblent. Mais à Mabayi, à 106 km de Bujumbura, ce n’est pas le cas. Les jours se suivent certes, mais on dirait bien qu’ils ne se ressemblent pas. Un certain samedi lors de mon passage dans la commune, j’ai besoin des unités de recharge pour mon téléphone. Il est 10h. Mais surprise : la plupart des boutiques sont fermées. Cette commune qu’on pourrait qualifier sans se tromper de commune adventiste voit la plupart de ses boutiques fermer le samedi car c’est le jour du culte : le sabbat comme on dit. D’ailleurs, c’est là que cette Église adventiste s’est implantée pour la première fois au Burundi en provenance du Rwanda, en 1921.
La première église fut construite sur la colline Ndora. Ce samedi, j’y rencontre Chris, 22 ans, à l’église, entre deux cultes, venu également remplir sa tâche de bon chrétien. Ce jeune qui vient de terminer son école fondamentale me raconte que la plupart des gens d’ici, le samedi, ne font qu’aller à l’église. Mais pour lui, même les autres jours, c’est comme les samedis. « Je n’ai pas quoi faire. J’ai terminé l’école secondaire, j’ai échoué à l’Examen d’État et pour le moment, je ne vois aucun horizon », se désole-t-il. « Un politicien qui viendrait redonner l’espoir aux jeunes à travers des opportunités soit d’études soit d’emploi serait mon homme/femme idéal(e) ».
Une commune aurifère
Quand on parle d’or à Mabayi, tous les yeux s’orientent vers l’endroit dit « Ku barusiya » (chez les Russes, ndlr). Cet endroit se trouve sur la colline Gahoma. Pour s’y rendre, je prends une moto parmi celles garées tout près du centre de la zone Butahana. Le chauffeur de ce deux-roues ne m’adresse presque pas la parole et aux questions que je tente de poser, il fait comme s’il ne les avait pas entendues. Quand on est presque arrivé, je demande si c’est possible d’y entrer si on veut juste visiter. Il me répond que non et m’avoue alors qu’il m’avait confondu avec ceux qui y travaillent et « qui leur ont tout pris ». D’où sa méfiance. « Avant les Russes, on était vraiment riche », me raconte alors Sébastien, 31 ans. « Mais après, ils ont récupéré nos terres pour les exploiter et nous sommes restés démunis. C’est pour cela qu’un politicien idéal pour moi serait celui qui, pour prendre une décision, devrait d’abord voir quels sont les besoins de sa population et agir en conséquence ». Sinon un « opposant idéal serait celui qui jouerait pleinement le rôle de contre-pouvoir en parlant surtout pour les populations qui sont parfois délaissées par ceux qui gouvernent ».
Pionnière du thé vert
Même si l’usine de thé de Buhoro est l’une de celles construites un peu tardivement par rapport aux autres usines de l’Office du Thé du Burundi ; seulement en 1992 ; celle-ci a été pionnière quant à l’introduction du thé vert. L’ouverture de la ligne de thé vert au Burundi a commencé à Buhoro en décembre 2017, en même temps qu’à Rwegura. Aline, 21 ans, tient une boutique. Même si elle ne peut pas nous offrir du thé vert à notre passage, elle voit d’un bon œil ce choix de sa commune pour être pionnière dans ce domaine et de souhaiter « un politicien qui mettrait en avant le développement surtout du peuple à la base, tout en assurant la sécurité du pays pour que chacun puisse vaquer à ses occupations sans aucune crainte ».
Mabayi, c’est aussi le lycée Communal de Mabayi, situé à un peu plus d’1 km de la commune, tout près de la paroisse catholique Sainte Marie Médiatrice de Mabayi qui a doté de ce lycée d’un internat privé, en faisant l’un des rares Lycées communaux avec un internat au Burundi.
Elle a une superficie de 375.54 km² et une population estimée à 75216 habitants. Divisée en 4 zones : Butahana avec 8 collines, Mabayi avec 6 collines, Ruhororo avec 3 collines et Buhoro avec 6 collines, elle est limitée au Nord par la rivière Ruhwa qui fait frontière avec le Rwanda, à l’Ouest par la commune Mugina et au Sud par les communes Mugwi, Bukinanyana et Rugombo. Elle s’étend sur les régions naturelles des Mirwa et de Mugamba. Elle possède aussi une vaste étendue forestière protégée (Kibira).
