Site icon LE JOURNAL.AFRICA

#ThePoliticianWeWant : Mugina ou le berceau du « rugombo »

Si la province de Cibitoke est bien connue par sa commune Rugombo qui abrite d’ailleurs le centre provincial, il faut dire que le nom « rugombo », associé aussi au célèbre vin de banane, aurait convenablement été porté par une autre commune de la même province : Mugina. 

Située à un peu plus de 80 km de Bujumbura, cette commune, Mugina est connue pour abriter le plus grand marché de vin traditionnel, le vin de banane, le fameux « rugombo ». Et d’ailleurs, des bananeraies se voient ici et là sur les différents versants des montagnes de la commune, témoignant de la bonne santé de cette « brasserie » locale. La grande partie de ce vin se vend au marché de Nyeshenza.

Marie, 27 ans, rencontrée au centre Nyeshenza, nous raconte que la vie dans cette localité pourrait se résumer en tout ce qui entoure ce vin local : culture, production/transformation, commercialisation et bien sûr consommation. « Malheureusement, vous n’êtes pas venus le jour du marché pour constater vous-même cela », nous lance-t-elle et cette fille de ménage de poursuivre : « mais tout cela est possible parce que nous vivons dans un environnement serein où chacun peut faire ce qu’il veut. C’est d’ailleurs ce que j’attendrais d’un leader idéal, c’est-à-dire celui qui assurerait la paix au pays et permettrait à chacun de faire ce qu’il veut mais aussi ferait et veillerait à ce que tout le monde fasse du bien ».

L’argent avant l’école

Ce commerce florissant d’alcool traditionnel n’est pas sans avoir des répercussions sur l’éducation des jeunes de la localité. En effet, « la plupart des jeunes préfèrent s’engager dans ce commerce qui rapporte », raconte Fabrice qui poursuit : « D’abord ils commencent à sécher les cours les lundi et vendredi, jours de marché à Nyeshenza, puis ayant flirté avec l’argent, ils finissent par abandonner l’école car ne voyant le salut que dans cela : ceux qui terminent l’école sont souvent au chômage alors qu’un jeune vendeur de boisson locale peut avoir jusqu’à 300000 Fbu le mois et même plus ». 

Ce jeune de 28 ans qui a aussi abandonné l’école, mais pour des raisons familiales, et qui tient actuellement une boutique au centre Nyeshenza dit attendre « un leader politique qui mettra en avant la jeunesse en montrant clairement comment il va trouver pour elle un avenir meilleur, en leur montrant d’autres horizons et aussi qui redonnera à l’école sa saveur et qu’elle fasse encore rêver »

Un grenier d’ananas

À côté des bananeraies, Mugina est aussi connue pour être une des communes où l’on récolte beaucoup d’ananas. Nous rencontrons Brigitte, 30 ans. Cette cultivatrice, même convalescente, vient de son champ, situé non loin de notre lieu de rencontre à la frontière entre Mabayi et Mugina. En effet, elle souffre de malaria et me raconte alors qu’elle est obligée d’aller se faire soigner à Buhoro, dans la commune Mabayi, par manque de structure de soins proche. Pour elle donc, son leader politique est tout trouvé : « n’importe qui mettra au-devant l’agriculture et la santé sera mon  homme/femme politique idéal(e) ».

Mugina, c’est aussi ce Motel communal qu’aucune personne de passage dans la commune ne raterait. Situé à un jet de pierre du Marché Nyeshenza, sur la rive droite en direction de Bujumbura, il serait « même plus à la recherche des gens comme vous (entendez par là des gens qui viennent de Bujumbura) », nous dira un jeune rencontré au marché avant de nous y conduire. Cela parce qu’ « il fait travailler des personnes venant de Buja selon la légende locale ». Justement, nous y rencontrons Candide, 26 ans, qui travaille comme serveuse dans le Motel. Même si elle ne vient pas de Bujumbura, elle n’est pas du coin, ce qui lui fait dire que « son choix d’un politique idéal serait motivé par celui qui mettrait la sécurité au premier plan, pour permettre à tout un chacun de vivre et travailler n’importe où dans le pays ».

  • Mugina est une des six communes de la province Cibitoke
  • Mugina a une superficie de 298 km²
  • Une population en 2014 estimée à 108 872 habitantsElle compte cinq zones, à savoir Rugajo, Buseruko, Ruziba, Nyamakarabo et Rubona, le tout formant 22 collines
  • La commune se trouve dans la région naturelle des Mirwa
  • Son économie est agropastorale avec comme culture-reine la banane d’où son commerce tourne surtout autour du vin de bananes

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?
Quitter la version mobile