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Le Burundi sous la colonisation belge : pour quelle organisation territoriale ?

On vous parlait dernièrement des modes d’administration pratiqués par la colonisation belge ainsi qu’une certaine loi de 1925. Ce que vous devez savoir aussi, toujours dans leur entreprise coloniale, les Belges qui ont opéré une certaine réorganisation territoriale.

Pour commencer, permettons-nous une petite et gratuite publicité d’un ouvrage qui mérite d’être une référence pour qui veut comprendre la colonisation belge, surtout dans sa période de mandat (1919-1939).  J’ai nommé Le Burundi  sous la colonisation belge, de l’Historien Joseph Gahama. Comme d’autres aspects de cette colonisation, celui-là nous éclaire sur l’action coloniale de la Belgique, au niveau de l’organisation territoriale telle qu’opérée par ce pays de Léopold II

D’emblée, explique Gahama, il faut dire qu’au début, les Belges se contentent d’occuper les postes établis sur des terres que les Allemands ont « acheté » aux indigènes. Et un résident, sous les ordres du commissaire royal, administre le pays à partir de Kitega, aidé dans sa tâche par des délégués à Usumbura, Muhinga, Rumonge, Nyanza, Nkoma, Mushiha et Ngozi avant que ne soient établis les postes de Bugarama, Mukayogoro, Ruyigi, Rutana et Muramvya et que ne soient abandonnés Nkoma et Mushiha. Nous sommes entre 1923 et 1927.

Et vous n’êtes pas aussi sans vous rappeler qu’en vertu de la  loi du 21 août 1925, le Ruanda-Urundi se trouve administrativement uni au Congo. Le résident, dès lors, dépend d’un vice-gouverneur du Congo belge et du Ruanda-Urundi. Le tout coiffé par un ministre des colonies à Bruxelles. 

Pour combien de territoires ?

C’est aussi Gahama qui nous l’apprend. Pendant toute la période du mandat,  le pays se voit divisé en sept territoires qui ont à leur tête des administrateurs territoriaux. Il s’agit d’Usumbura, Kitega (l’actuelle Gitega), Muhinga (l’actuelle Muyinga, ndlr), Ngozi, Ruyigi, Rutana et Bururi (qui englobait aussi Nyanza-lac et Rumonge). Mais les territoires d’Usumbura et de Kitega, très étendus, se retrouvent subdivisés en trois secteurs chacun. Pour Usumbura, c’étaient les secteurs de Rugombo au nord, de Muramvya à l’est et d’Usumbura au sud. Et pour Kitega, c’étaient les secteurs de Buhiga au nord, de Kitega au centre et de Mwaro au sud-ouest.

Il faut dire cependant qu’avant la fin de la réorganisation administrative qui met en place des territoires bien structurés et divisés en chefferies, le pays connaît des tâtonnements. Illustration pour le territoire de Muramvya. Créé en 1926, il est supprimé en 1932 et rattaché au territoire d’Usumbura pour devenir territoire en 1937 lorsque les Belges décident de lui adjoindre le secteur de Mwaro qui faisait précédemment partie du territoire de Kitega.

Et si certains postes prospèrent dès leur fondation, d’autres vivront peu de temps. Bugarama, Rumonge et Nyanza-lac, établis pour les besoins de la lutte contre la maladie du sommeil, sont supprimés dès que cette épidémie baisse en intensité. Kayogoro sera aussi abandonné en 1926 pour occuper Rutana, parce que se trouvant dans une région plus peuplée.

Quel siège du vice-gouvernement général ?

Pendant un moment, les Belges envisagent de déplacer le siège du vice-gouvernement général, installé à Usumbura. Fondée en 1897 par les Allemands, cette ville avait été le chef-lieu de résidence avant qu’il ne soit transféré à Gitega le 15 août 1912. Ceci parce que pour les Allemands, Usumbura ne remplissait pas les conditions exigées par un système de protectorat. Outre un milieu répulsif (maladie du sommeil, fièvre, fièvre typhoïde, climat  tropical), sa position est excentrique. 

Pour Gahama, il s’agit là d’une position géographique peu convenable. Suffisant pour inciter le commissaire royal Alfred Marzorati à proposer l’établissement du chef-lieu du territoire du Ruanda-Urundi à Shangungu, au bord du lac Kivu. Nous sommes  en 1925. Ceci, dans le  but  de le rapprocher de la résidence du Ruanda dont Usumbura semble trop éloigné. Seulement le poids des dépenses apparemment coûteuses ne le permettra pas. Le ministère des colonies porte alors son choix sur Butare, en plein milieu du territoire sous mandat. Et en 1928, le 30 mars pour être exact, un arrêté royal supprime le nom kinyarwanda de Butare pour le remplacer par celui d’Astrida, en l’honneur de la princesse Astrid, épouse du futur roi Léopold III.

Toute cette réorganisation territoriale sera accompagnée par la déstabilisation des structures de la monarchie burundaise. Ce qui ne sera pas sans conséquences. On y reviendra. 

 

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