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« Voici comment j’ai vécu le 20 mai » : la Burundaise s’exprime

En allant voter ce 20 mai, certaines femmes se sont douloureusement rappelé que la Burundaise semble être la grande oubliée de ces élections : aucune femme candidate aux présidentielles, aucune femme première sur les listes bloquées. 

Elodie Muco : « Voter ? Pourquoi ? Et surtout, pour qui ? »

Des semaines que je me demande pour qui je vais voter. Jusqu’au jour J, ma tête et mon cœur étaient remplis d’incertitude. J’ai suivi de près les projets de société de tous les candidats. Mais que valent-ils réellement ? À mesure que la date fatidique approchait, je me surprenais à fredonner les paroles d’une chanson : « C’est les gestes, et pas les mots qui comptent ». Ça sonne trop vrai face à tous leurs beaux discours… C’est si facile de tenir de beaux discours comme ils le font. Et de beaux discours, mon Dieu, j’en ai tellement entendu depuis que j’ai l’âge de comprendre. Comprendre quoi au fait ? La politique ? Comment tout le système marche ? Je ne sais pas. Voter ? Pourquoi ? Et surtout, pour qui ? Qui parmi tous ces candidats mérite que je sacrifie quelques heures de mon temps pour aller le choisir ? Qui mérite que je le choisisse pour que ma petite fille ne grandisse pas comme moi dans la peur et l’incertitude du lendemain (ou du présent, tiens.) ? Qui ? J’y suis allé. Le cœur lourd, la peur au ventre et un peu blasée. J’ai voté. J’ai choisi. Cela changera-t-il quelque chose ? Je ne sais pas. Probablement que dalle. Tout ce que je sais, c’est que j’ai voté « ikiri ku mutima » comme ils disent. Qui vivra verra.

Painette Niyongere :  « Les femmes, les oubliées des élections »

Je ne pouvais plus attendre. Me voir déposer ma voix dans l’urne. Changer la controverse qui plane sur le Burundi depuis 2015. J’en ai senti la joie. Enfin, le soleil va encore briller, au Burundi et dans nos cœurs. 

J’ai voté dans le calme. Je ressens encore le changement que ma petite voix va opérer. J’ai besoin d’un Parlement qui n’est pas à la solde de l’exécutif, ce dernier étant totalitaire. J’ai eu l’amertume de voir le non-respect de la distanciation sociale le long des files, mais bon. 

En plus, j’ai déposé ma voix, sachant quand-même qu’aucune femme n’était en première place des listes bloquées. Il faut que cela change. 

Charlie Ncakara (pseudo)  : « Les dés sont jetés »

La journée avait commencé avec cette légère rumeur indicible dans l’air que n’atténuait pas l’aspect vide et silencieux des rues. Ma première fois. Aux premières lueurs du jour, au campus Mutanga, ma main fébrile et maladroite écrivait l’histoire du « Petit pays » à l’encre indélébile. Dans ma tête résonnait les mises en garde de certains amis plus expérimentés. Un passage du livre de l’Apocalypse était passé par ma tête, essuyant mes dernières réserves à me rendre aux urnes : « …et que personne ne peut acheter ni vendre sans avoir la marque, le nom de la Bête ou le nombre de son nom… ». La bible. Ainsi, je fixais ces visages figés sur le papier. Les dés étaient jetés, la machine en route, mon devoir de citoyenne accompli…et pourtant, j’eus l’impression étrange de n’avoir rien écrit du tout. Avec ou sans moi, le Petit pays avait déjà une histoire toute écrite.  

 

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