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« Voici comment j’ai vécu le 20 mai » : ils racontent

Retour sur un jour historique. Des jeunes burundais nous partagent les pensées profondes qui les ont habités pendant la journée électorale du 20 mai 2020. 

Franck Arnaud Ndorukwigira : « Les élections ne doivent pas nous faire oublier l’urgence du Covid-19 »

Il est 6h30, j’arrive au bureau de vote. Mon premier ressenti : constater tous ces jeunes majeurs et personnes du troisième âge, en si grand nombre et trop matinaux, tous en attente d’exercer cet acte citoyen. Un espoir que le pouvoir au Burundi ne s’obtiendra jamais par la force comme autrefois, mais par les urnes.

Comme ces élections se tiennent en période de pandémie, mon deuxième ressenti est sur la file d’attente. La distanciation est nulle. Les élections se déroulent comme si le Covid-19 est un mythe. Dommage. Pourquoi est-on tellement ignorant et négligeant ?

Et dans l’isoloir, c’était une expérience belle et exceptionnelle. Je ressens la joie de changer les choses pacifiquement. Je ressens aussi la peine de nos frères qui sont à l’étranger qui n’ont pas pu exercer leur droit.

Iradukunda Laude Ersine: « Pourvu qu’il y ait un changement »

Le soleil est accablant. Mon cœur pèse cent tonnes. Je suis de mauvaise humeur, je traîne quand même mes pieds jusqu’au bureau de vote.

À quoi bon ce cirque ? Parce que pour moi, c’en est un. Et pourquoi donc ? « Ces années passées n’ont pas été des plus belles, heureuses dans tous les domaines du pays », lis-je sur les visages des électeurs comme moi. Un rassemblement des lamentations en silence.

Les expressions sur les visages sont loin des mines heureuses de personnes remplies de patriotismes. Avec les réseaux sociaux fermés, le contraire m’aurait étonné. Et le fait de penser que c’est le même système qui pourrait perdurer pour les sept prochaines années ne me remplit nullement de joie.

Mais je prie quand même que dans les institutions, on donne de la place à des jeunes intelligents, avec un bon sens de leadership, qui comprennent mieux les préoccupations des jeunes. Et je dépose mon vote, en priant.

Aloys Kamwenubusa: « La transparence, c’est tout ce qu’il nous faut »

Ce matin, je me suis réveillé de bonne humeur. Je n’éprouve aucune peur.  Soudain, je constate que WhatsApp, Facebook et Telegram ne fonctionnent plus. Mon humeur change.  L’angoisse et la peur me saisissent, l’un par la gorge, l’autre par le ventre.

Au bureau de vote, tout le monde est calme. On vote à l’aise ; au moins ça. Dans l’isoloir, je pose en vrai juge. Je prononce la sentence. Ensuite, je me dirige gaillardement déposer les bulletins dans les urnes, plein d’espoir. J’espère un changement, mais mon cœur implore la transparence.

En dehors du bureau de vote, j’ai envie de faire un discours. Pour exiger un bon travail à la CENI, souhaiter une bonne chance aux candidats en général et à celui pour qui j’ai voté en particulier et, le meilleur pour la fin, prier pour la paix et la sérénité à mes compatriotes burundais. 

 

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