Le Burundi a inauguré le mois dernier, une banque d’investissement des jeunes, « BIJE » en sigle, pour donner accès au crédit aux jeunes ayant des activités génératrices de revenus. Un projet plus que nécessaire pour un pays membre de l’Union Africaine qui contribue à la réalisation des résolutions qui se trouvent dans l’agenda 2063. Ceci serait-il un pas vers l’approbation du texte sur la Charte africaine de la Jeunesse ?
« Comme les pays de l’Union Africaine l’ont demandé dans sa mission pour la réalisation de la vision 2030, si les jeunes sont majoritaire dans les pays africains, cela ne constitue aucun problème. Le problème c’est quand on a une jeunesse non-active et sans projet de développement », a fait savoir le Président Pierre Nkurunziza dans son allocution d’ouverture des cérémonies lors de l’inauguration de la Banque d’Investissement pour les Jeunes « BIJE» dans la Province de Gitega. «Dans d’autres pays comme la Chine, une population jeune a été un atout et il nous faut suivre cet exemple », a-t-il ajouté. Une initiative qui répond à l’article 15 de la Charte africaine de la Jeunesse, qui assure le droit à l’emploi à la jeunesse des pays membres de l’Union Africain dont le Burundi.
Cette initiative prometteuse pour l’économie du pays donne l’espoir à plus d’un chez les Burundais. On pourrait se dire qu’enfin le Burundi veut repeindre son image entachée par des classements internationaux comme quoi le Burundi est un pays pauvre qui enregistre un taux élevé du chômage, un pays où tout va mal. Et cela semble loin d’être fantaisiste, aussi longtemps que le futur de la jeunesse fait une préoccupation de nos autorités. Sauf que, à mon avis, seule l’ouverture de la BIJE n’est pas suffisante pour assurer un avenir meilleur à la jeunesse burundaise. En effet, d’autres initiatives qui répondent aux droits de la jeunesse trouvées dans la charte susmentionnée devraient être mise en place. Et en ratifiant ce document, le Burundi ferait un bon début.
Une charte des droits de la jeunesse pour le bien du pays
Le Burundi, un pays avec une population jeune, tout comme partout dans l’Afrique, aurait intérêt à répondre aux droits de la jeunesse burundaise prévus dans la Charte des jeunes dont l’application est mise en vigueur après ratification. Voyons comment en quelques points spécifiques.
Primo, le pays possède déjà un Conseil national des Jeunes Burundais (CNJB, en sigle). La charte prévoit le droit à une politique des jeunes dont « l’élaboration devra se fonder sur une consultation massive des jeunes et devra prévoir la participation active de tous ces derniers à tous les niveaux de prise de décision et de gouvernance relatives aux sujets qui concerne la jeunesse et la société en général », comme on peut le lire dans l’article 12 de la charte en question.
Ceci donne le droit à la jeunesse de proposer des lois en leur faveur et de rejeter toute mesure qui les concerne mais qui ne les avantage pas. Ainsi, on éviterait des décisions, telle que la politique de pré-bourses, qui ont suscité des mésententes, voire même des insurrections chez les étudiants de l’Université du Burundi.
Secundo, la Charte semble permettre aux jeunes d’aller au-delà des activités de consolidation de la paix que mène le Conseil national des jeunes Burundais. En effet, une institution reconnue par le gouvernement pourrait être établie pour permettre et suivre de près si les jeunes jouissent pleinement les droits que la charte leur attribut comme l’adaptation aux nouvelles technologies de l’information et de l’environnement, des matières incontournables à l’ère actuelle pour bâtir le pays, et qui profiteront aux coopératives que le gouvernement ne cesse d’appeler la jeunesse burundaise à créer. Un phénomène qui marche très bien au Cameroun, le pays ayant ratifié cette charte en 2011. C’est d’ailleurs ce que stipule ce texte à l’article 19.
Tertio, dans le cadre du développement de l’enseignement et des compétences, l’article 13, point 6, assure une éducation de bonne qualité avec l’incitation à la recherche, une pratique qui fait défaut chez les étudiants du pays de Ntare, et « l’établissement de partenariats entre les entreprises implantées sur le sol africain et les structures de formation afin de contribuer au transfert de technologies qui devrait profiter aux jeunes étudiants et chercheurs africains », ajoute le point 7, sans oublier la promotion de « l’équivalence des diplômes entre les établissements d’enseignement africains afin de permettre aux jeunes d’étudier et de travailler dans les Etats parties », comme on peut le lire au 4èmepoint du même article.
En d’autres termes, ce texte d’une trentaine d’articles lutte pour l’égalité d’accès aux opportunités chez les jeunes du continent africain pour éviter par exemple que des bourses d’études, des sessions de formation ou encore des marchés de travail au sein d’une institution africaine ne sélectionne les candidats selon leur pays d’origine.
Il nous faut avancer
Sans doute que le Burundi a encore un long chemin à faire pour arriver à un développement durable. Mais, le même pays fait partie d’une petite frange des Etats membres de l’Union Africaine qui ont signé la Charte africaine de la Jeunesse mais qui n’ont pas encore ratifié ce texte qui est fondamental pour l’épanouissement des jeunes ainsi que pour le meilleur avenir de leurs pays respectifs. En effet, jusqu’en 2019, seuls 39 pays sur les 55 Etats avaient ratifié et déposé ce document auprès de la Commission de l’Union Africaine. L’ouverture de la banque qui offrira des crédits aux jeunes entrepreneurs semble être un bon signe. Mais, il serait mieux d’avancer. Le Burundi ayant apposé sa signature en 2006, emboiter le pas d’autres pays membres qui sont allés jusqu’à la ratification de la Charte serait d’une grande nécessité.